Albert Roussel, le coffret aux trésors

par

Albert Roussel Edition. Albert Roussel (1869-1937). Colette Alliot-Lugaz, Claire Croiza, Nicolai Gadda, Marilyn Horne, Mady Mesplé, Nathalie Stutzmann, José van Dam, Jean Doyen, Lily Laskine, Quatuor Via Nova, André Cluytens, Charles Dutoit, Jean Martinon, Charles Munch, Michel Plasson, Albert Roussel. Enregistré entre 1928 et 1987. Livret en français, allemand et anglais. 1 coffret de 11 CD Erato. Référence : 0190295489168.

Les 150 ans de la naissance d’Albert Roussel sont passés complètement inaperçus, noyés entre les célébrations de l’année Berlioz et les préparations de l’année Beethoven 2020. Il faut dire que faute d’être jouées et programmées, ses oeuvres sont en passe de tomber dans un oubli scandaleux tant l’art de ce compositeur est savant et raffiné alors que sa place dans l’histoire de la musique française est considérable !

Fort heureusement, Warner, sous la houlette de Philippe Pauly, déjà aux manettes du coffret Berlioz, propose une séance de rattrapage avec un plantureux coffret de 11 CD qui reprend les très riches fonds du catalogue hérités des labels EMI et Erato. Du côté symphonique, le mélomane est particulièrement gâté avec les gravures des symphonies, suites et ballets sous les directions inégalables de Charles Munch, Jean Martinon, André Cluytens, Charles Dutoit ou Pierre Dervaux. On retrouve même le rare Concert Opus 34, sous la direction de Pierre Dervaux à la tête de l‘Orchestre Colonne. Tous ces chefs vivent intrinsèquement la musique de Roussel dans sa motorique naturelle et son brio orchestral ! 

Côté instrumental, on retrouve les pièces pour piano par Jean Doyen et la musique de chambre par le quatuor Via Nova, le trio à cordes de Paris, le flûtiste Patrick Gallois et la harpiste Frédérique Cambreling. Un coffret Roussel ne serait pas complet sans les mélodies et surtout sans son chef d’oeuvre absolu : l’opéra Padmâvatî sous la direction de Michel Plasson à la tête d’une distribution de rêve composée de Marilyn Horne, Nicolaï Gedda, José van Dam…En complément, Erato adjoint quelques gravures historiques avec en prime une témoignage audio de Roussel lui-même.  

L’un des autres atouts de ce coffret est de plonger l’auditeur dans l’esthétique instrumentale et le style français d’interprétation. Le fini instrumental des orchestres parisiens des années 1960-1970 reste marqué par un son plutôt vert, assez criard et un fini instrumental qui privilégie l’expression sur la justesse. Ce style instrumental français, très caractérisé par les doigts d’un Jean Doyen au piano, est un peu sec mais toujours très dynamique et même fauviste dans le rendu des couleurs. C’est tout un âge de l’art interprétatif qui défile sous nos oreilles, témoignages d'une esthétique désormais perdues dans une internationalisation plutôt neutre du son.

Ce coffret est une mine de trésors et s’impose comme un incontournable de l’année 2019 ! Espérons qu’il donne des idées aux programmateurs.

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10   

Un commentaire

  1. Ping : Pascal Rophé fait briller le patrimoine symphonique français  | Crescendo Magazine

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.