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A l’OSR, Charles Dutoit le magnifique ! 

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© Bruno Fridrych

Comme n’importe quelle société de concerts, l’Orchestre de la Suisse Romande doit souvent effectuer des changements de programme. Ainsi pour le concert du 18 mai à Genève, du 19 mai à Lausanne, Emmanuel Krivine, malade, est remplacé par Charles Dutoit, fringant maestro qui, avec une ironie narquoise, défie ses quatre-vingt-cinq printemps en hissant, comme étendard au vent, la célèbre Ouverture que Mikhail Glinka avait élaborée en 1842 pour son interminable opéra féérique Rouslan et Ludmila. Abordé en fanfare, le thème belliqueux du preux chevalier se laisse amadouer par la fluidité des cordes graves chantant la passion amoureuse pour la belle princesse, alors que les accents pugnaces des vents dépeignent les sournoises menées du nain Tchernomor. Mais le pianissimo des violoncelles épure l’atmosphère pour le retour du paladin victorieux.

Charles Dutoit et Martha Argerich à Monte-Carlo

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L'année commence fort à Monte-Carlo avec la venue de Martha Argerich et Charles Dutoit.  Du fait de la situation pandémique, la jauge étant de moitié, une grande partie des mélomanes monégasques et français n'avaient pas pu assister l'année passée à leur concert avec l’OPMC.  Cette venue sur le Rocher est  l'occasion de fêter à Monaco les 85 ans de Charles Dutoit, et les quatre fois vingt ans de la sublime Martha Argerich. 

Charles Dutoit connait les moindres recoins des oeuvres de Maurice Ravel. Il débute le concert avec le Tombeau de Couperin et sous sa direction l'OPMC donne une splendide performance de ce chef-d'œuvre en dentelle et en finesse :  superbes couleurs, un tempo fluide et bien phrasé avec une dynamique soigneusement contrôlée.

Le Concerto pour piano (dit en sol) de Ravel est un des concertos fétiches d'Argerich. Il est à son répertoire depuis des décennies, mais elle l'interprète toujours avec autant de fraîcheur et d'inventivité. Elle pose ses mains sur le clavier et la magie opère. C'est fulgurant. Tout y est. Le feu, l'élégance, le style, l'âme et le cœur. Au pupitre de l’OPMC, Charles Dutoit dirigeait la première monégasque de l’édition révisée Ravel Edition de ce concerto dont la phalange était co-commanditaire aux côtés de l’Orchestre des Champs-Elysées, de l’Orchestre National d’Auvergne et de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse.  

Magnifique Charles Dutoit

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Par deux fois, le Concert de l’An des Amis genevois de l’Orchestre de la Suisse Romande a été reporté à cause des mesures sanitaires. Martha Argerich aurait dû en être la soliste mais elle n’a pas pu modifier son agenda surchargé pour prendre part à la soirée du vendredi 2 juillet. C’est pourquoi Charles Dutoit a choisi un programme radicalement différent  en décidant d’en consacrer l’essentiel à la commémoration du cinquantième anniversaire de la mort d’Igor Stravinsky. 

Démarche dégingandée, œil vif, sourire aux lèvres, le chef montre une indomptable énergie en abordant le Dumbarton Oaks Concerto en mi bémol majeur. Il lui prête l’élégance du concerto grosso en mettant en valeur la pulsation rythmique sous le babillage des bois. L’Allegretto étire les lignes tandis que la flûte gouailleuse dialogue avec le basson sur un canevas de cordes instillant un arrière-goût étrange. Le Con moto final pétille avec les continuels changements de mesure aussi incisifs que précis.

Fêtes musicales d'exception à Monte-Carlo

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L'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo a eu le privilège d'accueillir Charles Dutoit pour deux concerts en deux semaines.

Le premier concert était intégralement consacré à Maurice Ravel avec des oeuvres peu jouées en concert : Ma mère l'Oye (dans la version Charles Dutoit qui a librement choisi cinq numéros) et L'Heure espagnole. On connaît les liens étroits entre le chef suisse et l’univers de Ravel. Charles Dutoit arrive à tirer les nuances les plus poétiques de chaque groupe d'instruments de l'orchestre tout en faisant chanter les premiers pupitres : le violon de Liza Kerob, le violoncelle de Thierry Amadi  ainsi que la flûte, la harpe, la clarinette, le contrebasson, le cor, le célesta et les timbales. 

Des deux opéras de Ravel, L'Heure espagnole est de loin le moins joué. Mais s’il ne possède pas la poésie du texte de Colette pour l’Enfant et les Sortilèges, le livret de Franc-Nohain pour l’Heure espagnole dégage le charme désuet d’un théâtre de boulevard sur fond d’une Espagne fantasmée. La précision ainsi que le sens des couleurs et du rythme sont parfaitement présents sous une direction orchestrale scintillante et chatoyante. La distribution vocale est parfaitement idoine avec  le ténor Eric Huchet (Torquemada, un horloger), la soprano Karine Deshayes (Concepción, la femme de Torquemada), le baryton Thomas Dolié (Ramiro, un muletier), le ténor Julien Behr et la basse David Wilson (les amants,  Gonzalve, un bachelier poète et Don Iñigo Gomez, un riche financier). 

Dossier Emmanuel Chabrier : discographie sélective et commentée

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Dans le cadre de notre dossier sur Emmanuel Chabrier, nous vous proposons une discographie actualisée et commentée des oeuvres du grand compositeur. Si nous laissons de côté le seul cas de la célèbre España qui encombre les catalogues dans sa version pour orchestre, nous tenteront de dresser un bilan discographique de ce qu’il est possible d’écouter. Il s’agit d’une actualisation du travail mené par Harry Halbreich pour le numéro n°10 de Crescendo Magazine. 

À la relecture de cet article, nous avons été frappés par le peu de regain d’intérêt pour l’oeuvre d’un tel compositeur : 75 pourcents des titres référencés ici, l’étaient déjà il y a plus de 20 ans ! Certaines gravures comme l’intégrale des oeuvres symphoniques par Michel Plasson ou l’opéra du Roi malgré Lui par Charles Dutoit, n’ont pas été concurrencées et elles restent les seules au catalogue ! Il est ainsi assez triste de voir un tel compositeur délaissé (il en va de même pour Vincent d’Indy, Albert Roussel, Paul Dukas). On pourra donc retenir de notre époque que l’on connaît désormais fort bien des œuvres passables et secondaires de Théodore Gouvy, Benjamin Godard ou Fernand de la Tombelle, mais que l’on délaisse Chabrier.   

Albert Roussel, le coffret aux trésors

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Albert Roussel Edition. Albert Roussel (1869-1937). Colette Alliot-Lugaz, Claire Croiza, Nicolai Gadda, Marilyn Horne, Mady Mesplé, Nathalie Stutzmann, José van Dam, Jean Doyen, Lily Laskine, Quatuor Via Nova, André Cluytens, Charles Dutoit, Jean Martinon, Charles Munch, Michel Plasson, Albert Roussel. Enregistré entre 1928 et 1987. Livret en français, allemand et anglais. 1 coffret de 11 CD Erato. Référence : 0190295489168.

Les 150 ans de la naissance d’Albert Roussel sont passés complètement inaperçus, noyés entre les célébrations de l’année Berlioz et les préparations de l’année Beethoven 2020. Il faut dire que faute d’être jouées et programmées, ses oeuvres sont en passe de tomber dans un oubli scandaleux tant l’art de ce compositeur est savant et raffiné alors que sa place dans l’histoire de la musique française est considérable !