Eva Gevorgyan, Discovery Award des ICMA 2019

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La jeune pianiste russe Eva Gevorgyan a déjà joué sur de nombreuses scènes prestigieuses. Étudiante à l'École centrale de musique de Moscou et boursière de l'Académie internationale de musique du Liechtenstein, elle a remporté de nombreux prix ainsi que le Discovery Award 2019 des International Classical Music Awards (ICMA). Evgenia Krivitskaya, du magazine russe Musical Life, a réalisé cet entretien avec la brillante jeune musicienne. 

Qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez reçu la nouvelle du prix ICMA?

De la joie et du bonheur ! Se produire sur scène aux côtés de l'Orchestre Symphonique de Lucerne est un grand événement pour tout musicien. Cette récompense sera certainement une impulsion pour mon développement ultérieur. C’est un grand honneur de participer à une cérémonie aussi importante dans le monde de la musique classique, aux côtés de musiciens de renommée mondiale.

Cette année, vous fêtez vos 15 ans et vous avez déjà remporté des prix dans une quarantaine de concours de piano. Vous participez donc à des compétitions quatre ou cinq fois par an. N'est-ce pas difficile?

Les concours sont très importants dans la vie de musicien car c’est l’occasion de se présenter devant un large public. Chaque compétition est pour moi une nouvelle expérience et l’opportunité d'obtenir de nouveaux engagements. Après les concours, je suis souvent invitée à des festivals et concerts, et c’est important pour moi. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles je poursuis mon marathon de compétitions.

J'ai entendu aussi des avis divergents, qui soutiennent que les concours ralentissent le développement et l’élargissement du répertoire.

Ce n'est absolument pas mon cas. Je change toujours mon programme ! Il faut le renouveler constamment, comme le répertoire doit être élargi et développé.

L'année dernière, l’un de vos prix vous a donné l'occasion de jouer en récital à Ferrara. Était-ce intéressant ? Qu'avez-vous pu jouer ?

Ce fut une expérience merveilleuse. Le théâtre de Ferrara est incroyable, c’est une superbe salle et l’accueil du public était chaleureux. J’y ai donné la Toccata en sol de Bach, la Sonate n ° 10 de Beethoven, la Sonate n ° 2 de Schumann, le Sposalizio de Liszt ainsi que sa Rhapsodie espagnole et la Polonaise op. 44 de Chopin, plus plusieurs rappels.

Ce sont essentiellement des œuvres classiques. Pourquoi pas une sorte de programme conceptuel ou thématique ?

En ce qui concerne le répertoire, je demande toujours conseil à ma merveilleuse professeure, Nataliya Trull, au conservatoire Tchaïkovski de Moscou. Je joue ainsi un certain nombre de pièces qui ne sont pas « standard », rarement jouées, de compositeurs comme Friedrich Gulda, Pierre Sancan, William Bolcom, Joaquin Rodrigo ou Ernesto Lecuona. En ce qui concerne les programmes thématiques, j’ai joué il y a quelques années un récital complet d’œuvres de Chopin. Lors d’autres concerts, j’ai joué tout le cycle des Saisons de Tchaïkovski ou tous les Moments musicaux de Rachmaninov.

Au concert, vous portez toujours de jolies robes de concert -des robes de princesse, je dirais. Votre apparence sur scène est-elle importante pour vous ?

Vous ne pouvez pas monter sur scène sans penser à votre apparence. Mais je suis évidemment plus attentive à ma façon de jouer, au son lui-même -les tenues ne sont certainement pas le plus important.

Avez-vous des habitudes, une règle, pour vous concentrer avant un concert ?

Je me dis toujours que je ne joue pas pour moi mais pour le public. Cela me motive vraiment. On peut parfois se laisser distraire par des remarques comme «les enjeux du concert sont importants», «quelle salle importante» etc…. Il est surtout important de ne pas penser à tout cela et de se concentrer sur la manière de partager des émotions avec le public pour que gens y pensent encore après le concert.

Vous avez déjà visité de nombreux pays, avez-vous eu l'occasion de vous produire dans des lieux insolites?

Le lieu le plus insolite où j'ai joué, c’était en Italie, à Chieti, dans un musée assez particulier : autour de la salle où je jouais étaient alignés des éprouvettes et des pots avec des animaux conservés dans de l’alcool. C'était un peu effrayant !

Quel instrument avez-vous à la maison?

J'ai un piano Yamaha qui se trouve dans la cuisine, le seul endroit de l'appartement où les voisins ne peuvent pas l'entendre.

Ils n’encouragent pas votre formation ?

Je suppose que je répète tellement qu'ils doivent en avoir marre…

Vous êtes encore très jeune, que faites-vous de vos loisirs -si vous arrivez à en avoir ?

J'ai de merveilleux amis à l'école, nous marchons et passons du temps ensemble. Lorsque je voyage, je me familiarise avec les différentes villes. J'aime aussi apprendre d'autres langues. Je suis bien consciente qu'une musicienne doit se développer de manière globale, lire, aller au cinéma, vivre des émotions qui s’intègreront dans la pratique musicale. Et j'aime aussi cultiver des plantes. J'ai des cactus dans ma cuisine, ils écoutent ma musique et ils fleurissent même en hiver. J'aime cela ! Au début, je les ai achetés moi-même. Et puis, découvrant mon passe-temps, les gens ont commencé à les apporter avec eux aux concerts et à me les offrir !

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