Alice Coote et Julius Drake touchent juste dans Schubert

par

Franz Schubert (1797-1828) : An den Mond, D.259; Wandrers Nachtlied I (Der du von dem Himmel bist), D.224; Im Frühling, D.882, Der Zwerg, D. 771; Ständchen, D. 957; Seligkeit, D.443; Abendstern, D.806; Der Tod und das Mädchen, D.531; Litanei über das Fest Aller Seelen, D.343; Rastlose Liebe, D.138; Ganymzed, D.544; An Silvia, D.891; Der Musensohn, D.764; Lachen und Weinen, D.777; Erlkönig, D.328; Nacht und Träume, D.827; Auf dem Wasser zu singen, D.774; Im Abendrot, D.799; Frühlingsglaube, D.686; Wanderers Nachtlied II (Über allen Gipfeln), D.768; An den Mond, D.2396. Alice Coote (mezzo-soprano); Julius Drake (piano). 2022. 71’36.Textes de présentation en anglais, textes chantés en allemand et anglais. Hyperion  CDA68169

C’est un très beau et généreux florilège du lied schubertien que nous offrent ici l’excellente mezzo Alice Coote et son non moins excellent compatriote et partenaire (on n’ose utiliser ici le terme d’accompagnateur), le subtil Julius Drake.

La mélodie schubertienne n’a cessé d’attirer les plus grands chanteurs depuis l’aube de l’enregistrement sonore et il est bon -même si certains garderont pour toujours une indéfectible allégeance à certains interprètes d’un passé plus ou moins récent- de voir comment une des meilleures vocalistes de la génération moyenne aborde ce type de répertoire aujourd’hui.

Autant l’annoncer tout de suite, cette parution est une très belle réussite. D’abord, par sa programmation intelligente qui mélange avec intérêt certains des Lieder les plus connus de l’auteur (Le Roi des Aulnes, La Jeune fille et la Mort, la célébrissime Sérénade) avec d'autres connus  ou moins connus, comme la Litanei über das Fest Aller Seelen (Litanie sur la Fête de Toussaint).

La mezzo britannique qui met son beau timbre soyeux au service de ce genre si piégeux qu’est le lied trouve avec un naturel confondant un heureux moyen terme entre la priorité accordée au beau chant ou celle à conférer à la déclamation dramatique plutôt qu’à la ligne mélodique. Sur le plan purement vocal, Alice Coote fait valoir un magnifique mezzo aux couleurs claires et aux registres homogènes ainsi qu’une maîtrise technique irréprochable. Articulant toujours avec soin, elle fait entendre parfaitement chaque mot des poèmes, impeccablement enchâssés dans une ligne mélodique menée, grâce à une respiration  parfaitement maîtrisée, avec une grande sûreté et sans la moindre distorsion. Qui plus est, elle se montre fine et sensible interprète d’une musique dont elle saisit le caractère d’intimité et de confidence à la perfection. Si son approche générale est de ne pas faire de ces morceaux des mini-drames, elle se hasarde cependant à jouer les quatre protagonistes du Roi des Aulnes -le narrateur, l’enfant, le père et le Roi- en variant habilement son timbre pour chacun d’entre eux, mais sans tomber dans la caricature. 

De même, Alice Coote évite tout sentimentalisme dans la Sérénade rendue avec beaucoup d’élégance mais sans le moindre sentimentalisme, et elle est également sensible à l’agitation de Rastlose Liebe ou à l’entrain de Der Musensohn

Dans Auf dem Wasser zu singen, elle rend très bien -parfaitement aidée par Julius Drake, partenaire aussi attentif qu’imaginatif-  le balancement du bateau comme le flux et le reflux de l’eau. La chanteuse se montre particulièrement prenante dans l’hymne panthéiste qu’est le splendide et profond Im Abendrot, sur un poème du peu connu Karl Lappe.

On l’aura compris: ce disque -dont on se demande d’ailleurs pourquoi Hyperion a attendu près de cinq ans pour le sortir- mérite sa place dans la discothèque de tout amateur du genre.

Son 10 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 9

 

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