Britten par Sir Simon Rattle et le LSO

par

Benjamin Britten (1913-1976) : Sinfonia da Requiem, Spring Symphony,  The Young Person's Guide to the Orchestra. Elizabeth Watts, soprano ;  Alice Coote, mezzo-soprano ;  Allan Clayton, ténor ; London Symphony Chorus,  direction : Simon Halsey ; Tiffin Boys' Choir, Tiffin Children’s Chorus, Tiffin Girl’s School Choir, direction : James Day ; London Symphony Orchestra, direction : Sir Simon Rattle. 2018-2019-2021. Livret en : anglais, français et allemand. Textes chantés en anglais. LSO Live 0830. 79’31’’

LSO live nous offre un plantureux album symphonique et choral consacré à des grandes partitions de Benjamin Britten sous la direction de Sir Simon Rattle son directeur musical sortant. Les trois œuvres présentées sur ce phonogramme sont bien évidemment l’ADN même du LSO qui a marqué leur histoire au disque. Quant à Sir Simon Rattle, sa discographie Britten solide, principalement le CBSO (Warner), témoigne de ses affinités avec la musique de son compatriote.

On commence ce parcours avec la formidable Sinfonia da Requiem, l'un des plus grands chefs-d'œuvre de la musique du XXe siècle. Les 3 mouvements de la partition sont taillés sur mesure pour la virtuosité et l’impact sonore des pupitres du LSO. Dès les premières mesures, le ton est tendu à l’extrême porté par le bloc compact de la phalange londonienne aligné sur le geste du chef qui parvient un imposer la noirceur des tons. Dans le second mouvement  "Dies irae (Allegro con fuoco)" c’est une festival orchestral avec des pupitres de cuivres affutés et conquérants tant dans la précision que dans le galbe sonore. La mécanique orchestrale avance, implacable, jusqu’au "Requiem aeternam (Andante molto tranquillo)" final, porté par une puissance dramaturgique tétanisante. Les tons mats et l’impact granitique du LSO ressortent parfaitement sous la baguette charismatique de Sir Simon Rattle. C’est sans aucun doute la plus magistrale lecture de cette partition.  

Changement de tons et de style avec la trop rare Spring Symphony. Convoquant un grand orchestre mais aussi des solistes vocaux, ainsi qu’un chœur mixte et un chœur d’enfants, la partition est particulièrement évocatrice avec une incroyable finesse des traits et des teintes. Tout s’imbrique avec naturel, imposant une poésie de tous les instants. Sir Simon Rattle, qui n’avait pas encore enregistré cette partition, s’y affirme comme un peintre patient et dévoué, soignant la beauté des couleurs musicales, fignolant les détails ou affirmant une tension orageuse quand c’est nécessaire. Tous les musiciens sont exemplaires, des solistes vocaux (Elizabeth Watts, Alice Coote et Allan Clayton) aux forces chorales (London Symphony Chorus,  Tiffin Boys' Choir, Tiffin Children’s Chorus, Tiffin Girl’s School Choir) en passant par les pupitres de l’orchestre. 

Enfin, en conclusion, rien moins que l’illustre The Young Person's Guide to the Orchestra, avec là encore un LSO en parade avec un festival d’individualités galvanisées par le chef. Certes, ce n’est pas la partition la plus impactante de Britten, on est loin de la puissance magmatique de la Sinfonia da Requiem, mais c’est toujours un sympathique moment, d’aurant plus quand il est joué à ce niveau de virtuosité et de fantaisie. 

Tout comme avec sa récente Symphonie n°6 de Mahler, Sir Simon Rattle signe ici un disque en forme d’accomplissement artistique au pupitre d’un orchestre magistral. Que demander de plus ! 

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

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