Anguleux, nerveux, bondissant : Schubert !

par

Franz SCHUBERT (1797 - 1828)
Lieder 
Ian Bostridge (ténor), Julius Drake (piano)
2014-DDD-73'26-présentation, livret et textes anglais et allemand-chanté en allemand-Wigmore Hall Live 13 septembre 2013 - WHLive0067
Y a-t-il encore un avenir pour le disque ? On aurait pu imaginer que la diffusion planétaire d'une musique aseptisée allait faire disparaître les enregistrements soigneusement alignés sur les étagères HiFi. Or en concert, sur scène, c'est la musique sous sa forme la plus humaine -seule vraiment vivante- qui triomphe désormais. La trace d'un récital auquel on aura assisté avec ses défauts et son émotion de chair et de sang sera acquise, ré-écoutée et chérie. Ce récital donné au Wigmore Hall -et d'ailleurs qu'il produit- en est l'exemple : la voix n'est pas la plus belle du monde. Le physique du chanteur est aussi anguleux que son tempérament. Pourtant il y a là autant d'âpreté que d' énergie bondissante et une personnalité qui s'écarte des critères fixés par l'école allemande. Ecoutez ce Die Sterne pris à folle allure où la dynamique d'abord contenue s'évade, échevelée avec, entre chaque strophe, des rubatos au piano comme un écho surpris. Certes on peut déplorer un certain maniérisme, des ambitus de nuances brusques, un manque de spontanéité et de simplicité chez le ténor britannique qui a déjà derrière lui une brillante carrière, mais il offre indéniablement ici une lecture singulière de Lieder, au surplus, peu connus. Encore plus admirera-t-on sans réserve l'accompagnement du pianiste Julius Drake : tout simplement de premier ordre !
Bénédicte Palaux Simonnet

Son 8 - Livret 8 - Répertoire 8 - Interprétation 8

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