Des lieder sans flamme

par

Friedrich Silcher (1789-1860) : Lieder arrangés à deux voix
Franz Schubert (1797-1828) : Lieder arrangés à deux voix
Hermann Zilcher (1881-1949) : Fünf Duette für 2 Singstimmen und 2 Mundharmonikas in C, op. 109
Johannes Brahms (1833-1897) : Lieder arrangés à deux voix par H. Zilcher
Robert Schumann (1810-1856) : Nachtlied op. 96 n°1, arrangé à deux voix
Anonyme : Weisst du, wieviel Sternlein stehen ?
Cesar Bregsen (1913-1988) : O du stille Zeit, arrangé à deux voix
Christoph & Julian Prégardien, ténors - Michael Gees, piano
2015 – DDD – 74'06'' – Textes de présentation et paroles en allemand, anglais – Chanté en allemand – Challenge Classics CC72645

« Father and Son », tel est le titre de ce disque qui réunit les ténors Christoph Prégardien (le père) et Julian Prégardien (le fils) dans un programme original. Il s'agit en effet de lieder parmi les plus célèbres du genre (Erlkönig, Auf dem Wasser zu singen...) arrangés pour deux voix et piano, associés à des œuvres peu connues du répertoire germanique. Cela est fort intéressant, mais comment qualifier le résultat ? Spontané ? Touchant ? « Professionnel » conviendrait mieux. Tous les ingrédients sont là, une bonne prise de son, des voix bien timbrées, une diction limpide, et pourtant, l'enregistrement passe comme un pensum. Certes, les interprètes ont du métier, mais on sent chez eux une sorte de malaise qui les coupe de toute expressivité. Cela est particulièrement prégnant chez le pianiste Michael Gees – qui, vraisemblablement, déchiffre –, incapable de construire un phrasé sur plus de deux mesures, ce qui prive toutes les œuvres de forme et de direction. Même l’enfant inquiet, dans le lied si dramatique Erlkönig, semble s’endormir mollement sur son cheval ! Reste à présenter les arrangements, qui se limitent souvent à des réponses entre les deux voix ou des doublures à la tierce. Sous couvert d’une reconstitution des schubertiades, comme nous l’assure un livret verbeux, des dissonances d'un goût douteux sont allègrement rajoutées. Quelques instants de fraîcheur cependant, avec les charmants Fünf Duette de Zilcher, où les voix répondent à deux harmonicas ; hélas, les chanteurs, privés du soutien harmonique du piano, y font preuve d'une intonation très approximative. Que l'on ne s'y trompe pas : les interprètes, séparément, ont déjà produit des merveilles. La faiblesse de ce disque très médiatisé ne tient donc pas à un manque de capacités, mais à un manque de travail. C'est plus difficilement pardonnable.
Quentin Mourier

Son : 10 Livret : 7 Répertoire : 8 Interprétation : 6

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