Bartók au sommet par Papavrami

par

0126_JOKERBéla Bartók
(1881-1945)
Concerto pour violon n°2, SZ.112/BB117 – Concerto pour orchestre, SZ.116/BB123
Tedi Papavrami, violon – Orchestre Philharmonique du Luxembourg, Emmanuel Krivine, direction
2015-DDD-76’16-Textes de présentation en français, anglais et allemand-Alpha 205

C’est à l’occasion des 70 ans de la disparition de Béla Bartók que Tedi Papavrami s’est emparé en 2015 du Concerto n°2 pour violon accompagné par l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg sous la direction d’Emmanuel Krivine. Entamé en août 1937 et terminé en décembre 1938, sa création date du 23 mars 1939 à Amsterdam où le dédicataire, Zoltan Székely, le joue en compagnie de Mengelberg et le Concertgebouw Orkest. Composé de trois mouvements, l’œuvre affiche de grands traits virtuoses à travers des ambiances tantôt chaudes, tantôt détendues ou encore violonâtes. On y retrouve la force de l’orchestration de Bartók et un équilibre dans la forme qui font de ce concerto l’un des piliers du 20ème siècle aux côtés notamment du célèbre Concerto à la mémoire d’un ange de Berg créé trois ans plus tôt. Pour compléter le programme, Krivine choisit sans doute l’œuvre qui aura contribué le plus à la popularité du compositeur, le Concerto pour orchestre. Puisant son inspiration dans le concerto grosse baroque ou encore la symphonie concertante du 18ème siècle, Bartók imagine une œuvre en cinq mouvements ou alterneront, s’opposeront ou dialogueront des solistes ou des groupes d’instruments au sein des pupitres. Plus remarquable sera la volonté de dessiner une architecture en arche où les deux mouvements extrêmes aux dimensions vastes entourent deux « scherzos » et un mouvement lent qui d’ailleurs occupe la place centrale. Bartók y travaille d’août à octobre 1943 près de New-York où il bénéficie du soutien de l’Association des compositeurs américains lorsqu’il fuit le nazisme. Cette dernière partition achevée est créée le 1er décembre 1843 par le commanditaire, Serge Koussevitzky, au Carnegie Hall avec l’Orchestre de Boston.
D’un point de vue interprétatif, le violoniste Tedi Papavrami offre une lecture brillante et qui peut se hisser au rang des meilleures exécutions. Il vit chacun des mouvements avec une puissance expressive idéale et une exécution instrumentale sans failles. Emmanuel Krivine accompagne avec une attention particulière et délicate, et pointe avec aisance les accents marquants ou contours mélodiques et/ou rythmiques importants. Tout ici démontre un dialogue efficace et construit, une entente évidente. Si Papavrami parvient à unifier son jeu à celui de l’orchestre, il magnifie les lignes en imposant des couleurs et dynamiques justes et très éloignées d’une interprétation purement virtuose voire rébarbative. Pour le Concerto pour orchestre, la présente version offre à l’auditeur une prise de son exceptionnelle, lui donnant l’impression de se retrouver au sein même de l’orchestre. Krivine y apporte sa patte en choisissant des tempi adéquats permettant à l’orchestre de saisir toutes les opportunités d’émerger. Si l’on perçoit un contrôle et une maîtrise du matériau, Krivine insuffle à l’œuvre une touche très sensible, parfois introspective ou au contraire libérée des contraintes instrumentales dans un éclat des plus flamboyants avec une phalange qui donne son maximum.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation Concerto pour violon 10, Concerto pour orchestre 9

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