La musique pour instruments solos de Marcel Cominotto

par

Marcel Cominotto (°1956) 
Les Tombeaux d’Alexandre, pour piano – Storia per corno, pour cor – A la recherche de F…, pour clarinette basse – Espaces improbables…, pour violoncelle – Antithesis, pour saxophone ténor – Mutations, pour orgue
Marcel Cominotto, piano – Vincent Alpaerts, saxophone ténor – Francis Orval, cor – Jean-Pierre Peuvion, clarinette basse – Edward Vanmarsenille, orgue – Sébastien Walnier, violoncelle
2015-DDD-77’45-Textes de présentation en français et anglais-Azur Classical-AZC129

C’est un compositeur belge que l’on retrouve aujourd’hui au disque. Diplômé du Conservatoire Royal de Liège où il assure à ce jour les cours d’écriture tonale, Marcel Cominotto est aussi connu pour sa carrière de pianiste. Il dévoile ici six pièces d’un langage très personnel et résolument dissonant dont la teneur du discours reste largement accessible pour le plus grand nombre. Le langage musical de Cominotto comporte de longues plages intenses allant d’une idée méditative à une traversée des plus bouleversante. C’est notamment le cas avec Le Tombeau d’Alexandre, dont le titre renvoie à Scriabine, un « voyage intérieur », comme le concède le compositeur, qui traverse l’étendue des possibilités pianistiques agrémenté d’une part de mystère, de désespoir mais aussi de lumière. Pour cor solo, Storia per corno (2013) est ici interprétée par son dédicataire, Francis Orval. C’est l’univers des micros intervalles naturels qui régit la structure et qui viendra sans nul doute perturber la perception de l’auditeur. Cette perte de repères liée à une technique instrumentale redoutable, Francis Orval ne semble pas en être déstabilisé au profit d’une lecture précise et captivante. Le langage novateur de Cominotto se retrouve également dans A la recherche de F… pour clarinette basse écrite en 1981 pour Jean-Pierre Peuvion. A nouveau redoutable d’interprétation, la pièce se caractérise par « un combat intérieur » d’une profonde humanité entre plaintes, douleurs, révoltes et cris de désespoir ». Pour violoncelle solo et dédiée à Henri Pousseur, la pièce Espaces improbables est créé en 2009 par Sébastien Walnier. Une autre invitation à la découverte, dans un monde où se juxtaposent sons transfigurés et surprenants.  Antithesis pour saxophone ténor est une commande de Dexia pour le concours de jeunes instrumentistes de 2007. C’est l’un des concurrents du concours, Vincent Alpaerts, qui interprète cette pièce imprévisible dont la structure se veut éclatée. Enfin, Mutations est écrite pour orgue en 2011 et se nourrit des toccatas de Jean Sébastien Bach et se dote d’un langage narratif fourni.
Chaque pièce de Cominotto est redoutable tant par l’aspect technique que par la teneur expressive de l’interprétation. Sans doute enregistrées pour la première fois, il est difficile de donner un jugement précis quant à l’interprétation. Mais interprétées par l’auteur et les dédicataires, nous faisons confiance à leur jugement.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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