Berlioz revisité par John Nelson ?

Hector Berlioz (1803-1869) : Les Nuits d’été, Op.7 (version de 1856) : Harold en Italie, op.16. Michael Spyres, ténor ; Timothy Ridout, alto. Orchestre philharmonique de Strasbourg, John Nelson. 2021. Livret en anglais, français et allemand. 72’29’’. Erato. 505497196850. 

Suite du projet Berlioz mené par le solide John Nelson au pupitre de l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg. La tête d’affiche de ce disque réside dans les Nuits d’été, interprétées dans la version de 1856 par le ténor Michael Spyres. Ce dernier, connu pour son amplitude vocale caractérisée par son album Baritenor, également enregistré avec la phalange alsacienne, a choisi d’interpréter chaque mélodie dans sa tessiture d’origine. Ces Nuits d’été sont une carte de visite idéale pour les talents vocaux du chanteur américain : finesse du timbre, maîtrise du style et prononciation exemplaire. John Nelson est un accompagnateur attentif aux moindres nuances et déploie une fabuleuse palette d’intentions au service de ce magicien du chant même si parfois on perd un peu un esprit naturel de la musique pour une vision démonstrative. 

Changement de registre avec Harold en Italie, servi par l’excellent altiste Thimothy Ridout. Cette symphonie avec alto principal est ici cernée avec un amour des timbres et des couleurs. Point de vision emportée et tempétueusement romantique, mais un séduisant voyage dans une Italie gorgée du soleil naturaliste de Corot.  Berlioz est dépeint plus comme un amoureux des timbres instrumentaux que comme un orchestrateur à la brutalité révolutionnaire. C’est une optique intéressante et cela apporte un regard neuf sur cette oeuvre, même si on peut préférer les lectures de Leonard Bernstein (Warner) et de Lorin Maazel (DGG) ou celles de François-Xavier Roth (Harmonia Mundi) et John Eliot Gardiner (Philips) sur le versant historiquement informé.

Son : 9  Notice : 9  Répertoire : 10  Interprétation : 9

Pierre-Jean Tribot