Brillante ouverture de saison à Lausanne

par

© Marc Van Appelgem

L’Opéra de Lausanne ouvre sa saison avec l’ouvrage lyrique le plus célèbre de Léo Delibes, Lakmé. Mado Robin en avait été l’interprète en avril 1960 ; puis, pendant des décennies, l’ouvrage avait disparu de l’affiche. Aujourd’hui apparaît la jeune Julia Bauer qui, depuis quelques années, s’impose sur les scènes allemandes avec Zerbinetta d’Ariadne auf Naxos ou Aminta de Die schweigsame Frau. Outre le célèbre «'air des clochettes' qu’elle maîtrise avec panache, elle possède le medium large que suppose l’ensemble du rôle ; sa diction française remarquable et son indéniable présence scénique font d’elle, en un seul soir, une Lakmé de grande classe. Tout aussi remarquable est le ténor Christophe Berry qui a le lyrisme généreux de Gérald, alors que le Nilakantha de Daniel Golossov convainc surtout par son incarnation de paria effrayant. Elodie Méchain a la couleur sombre de la suivante Mallika, quand Jonathan Spicher a la clarté de timbre du serviteur Hadji. Du quintette des Anglais se détache le remarquable Frédéric du baryton Boris Grappe. Le Chœur de l’Opéra de Lausanne, remarquablement préparé par Véronique Carrot et l’Orchestre de Chambre de Lausanne affichent la brillance exotique fin de siècle sous la direction de Miquel Ortega, défenseur inconditionnel de ce répertoire. Le metteur en scène Lilo Baur vient de triompher à la Comédie-Française; pour ce spectacle lyrique, elle collabore avec Caroline Ginet pour les décors et Hanna Sjödin pour les costumes. Un mur de terre noire, une porte de marché accumulant bidons et colonnes métalliques, un entrelacs de lianes constituant un gigantesque datura servent de cadre à une intrigue narrée comme dans un songe. Et la production sera reprise bientôt à Saint-Etienne puis à l’Opéra-Comique, qu’on se le dise !
Paul-André Demierre
Lausanne, Opéra, le 4 octobre 2013

Les commentaires sont clos.