Casadesus en pleine forme pour un Beethoven d’anthologie !
Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Romance n°2 en fa majeur, op. 50 pour violon et orchestre – Concerto pour piano n°4 en sol majeur, op. 58 – Symphonie n°7 en la majeur, op. 92
Orchestre National de Lille, Jean-Claude Casadesus – Maria Joao Pires, piano – Lev Solodovnikov, violon
Alors qu’il fêtera ses 79 ans ce dimanche, Jean-Claude Casadesus et son orchestre de Lille se sont déplacés jusqu’à Flagey pour le Beethoven Music Chapel Festival. Après le Sinfonia Varsovia, c’est donc au tour de la phalange du nord de la France d’accompagner élève ou professeur de la Chapelle Reine Elisabeth. C’est avec la Romance n°2 en fa majeur de Beethoven, à qui est consacrée la soirée, que s’ouvre le programme. Le jeune violoniste Lev Solodovnikov (1987) offre une lecture assez épurée, à l’image de sa collègue de jeudi dans le Concerto du compositeur viennois : finesse du langage, aérien, dans une juste compréhension de l’œuvre. Mêmes remarques que jeudi avec ce petit manque d’énergie par endroits que l’ONL a pourtant largement incitée. Maria Joao Pires était la vedette de la soirée. Elle empoigne son piano Yamaha comme personne et offre une lecture incroyablement intime du Concerto n°4 de Beethoven. Dès les premiers accords découle un son riche mais à la fois introverti que rendra à merveille l’ONL et son chef. Pour l’anecdote, il en perd sa baguette. Une fois cette émotion passée, un dialogue idéal se dessine entre le chef et la soliste, un dialogue fort de contrastes, de dynamiques et surtout d’attention. Lors de la cadence, Casadesus ne quitte des yeux les doigts de la pianiste qui sautillent sur le clavier. Jeu brillant, précis, clair et surtout beau. Concerto que l’ONL a l’habitude de jouer, on découvre aussi une certaine forme de maturité et une palette sonore qui s’est installée au fil des exécutions. Le second mouvement aura très certainement bouleversé le public. D’une incroyable sincérité, les artistes adoptent un tempo plus lent que la moyenne et appuie généreusement sur les dynamiques et contrastes importants et saisissants. La battue du chef, toujours aussi claire et expressive, accompagne la soliste avec modération. Le virevoltant dernier mouvement laisse place à la danse. Belle construction harmonique de toutes parts, élégance et facilités évidentes pour tous. Pour conclure cette seconde partie, Pires et Solodovnikov reviennent pour le second mouvement de la Sonate pour violon et piano en mi mineur de Mozart. Un moment profond mais aussi amusant puisque que sans pupitre, la pianiste à dû jouer avec la partition dans le piano. Finalement, un violoniste de l’orchestre s’est adjoint le poste de porte partition, bravo à lui et merci.
Mais le clou de cette soirée fut évidemment la lecture de la Symphonie n°7 de Beethoven. Quelle énergie et quelle maturité ! Dès le premier mouvement, c’est un Casadesus, dirigeant presque par cœur, qui illustre ses idées par des gestes simples et plus aériens avec un orchestre au sommet de sa forme. Le second mouvement est dramatique à souhait sans tomber dans la vulgarité trop souvent entendue. La battue y est profonde et expressive tandis qu’elle est plus démonstrative dans le troisième mouvement. Le mouvement de danse ne présente aucune difficulté à l’orchestre qui l’empoigne avec assurance et clarté. Enfin, le dernier mouvement : un feu d’artifices ! Un jeu de contrastes, de et dynamiques pour un orchestre qui se donne les moyens ce soir. On l’aura compris, l’Orchestre National de Lille a brillé à Flagey devant une salle comble. Même si nous l’avons déjà dit à l’occasion d’un autre concert à Lille, l’ONL est un grand orchestre avec un son d’orchestre particulièrement homogène, riche en contrastes et d’une maturité exemplaire. L’orchestre qui fêtera ses 40 ans l’année prochaine a encore de belles années devant lui !
Ayrton Desimpelaere
Flagey, le 5 décembre 2014
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