Se faire connaître par un échec à un concours n’est pas banal. Ivo Pogorelich, pianiste croate éliminé dès le deuxième tour du Concours Chopin en 1980, n’est pas banal. Et la démission du jury de Martha Argerich, scandalisée de cette sortie précoce alors qu’elle criait au génie, a mis le concurrent déchu dans la lumière médiatique.
Aussitôt, il signe un contrat d’exclusivité avec Deutsche Grammophon. Après un premier enregistrement tout naturellement consacré à Chopin, il s’attaquait, l’année suivant le concours, au Graal de la Sonate, avec l’ultime de Beethoven, l’Opus 111 (couplée avec d’étourdissantes Études Symphoniques de Schumann). Il en exhalait magistralement la stupéfiante modernité. Se lancer dans Beethoven, au disque, en commençant par la fin (Thomas Mann alla jusqu'à parler d’« Adieu à la Sonate » pour cette 32e), et le faire avec autant d’autorité, il fallait oser.
Quatorze albums pour le prestigieux label allemand. En 1996, il perd son épouse (qui était sa professeure depuis 1976, alors qu’il avait dix-sept ans). Pendant vingt ans il se fera plus rare à la scène, et ne mettra plus les pieds dans un studio. Quand il y retourne, en 2016, c’est pour Sony, avec deux Sonates de Beethoven, parmi les moins jouées : les Nos 22 et 24 (couplées avec une abyssale Deuxième Sonate de Rachmaninov, mais enregistrée plus tard). Avouons une certaine circonspection à l’écoute de cette lecture aussi exacerbée, soulignant les moindres inflexions de la musique, dans des tempos particulièrement lents.
Du 28 octobre au 11 novembre, le Tokyo Philharmonic Orchestra a effectué une importante tournée européenne, avec huit concerts dans sept pays. Parmi eux, celui donné à la Halle aux Grains de Toulouse constituait l’unique étape française.
Une ouverture de saison prestigieuse
Pour célébrer leur 40e saison musicale, l’association Les Grands Interprètes a invité le Tokyo Philharmonic Orchestra à ouvrir leur série classique. Myung-Whun Chung, directeur musical honoraire de la formation, dirigeait le concert, tandis que Maxim Vengerov tenait la partie soliste dans un programme exigeant associant le Concerto pour violon de Tchaïkovski et des extraits des Suites de Roméo et Juliette de Prokofiev.
Fondé en 1911 et rassemblant aujourd’hui quelque 160 musiciens, le Tokyo Philharmonic Orchestra est la plus ancienne formation symphonique du Japon. Dans la capitale nippone, qui compte à elle seule une dizaine d’orchestres, celui-ci se distingue par un son dense et chaleureux. En résidence au New National Theater, il assure régulièrement la fosse pour les productions d’opéra et de ballet. Cette double vocation – symphonique et lyrique – explique sans doute la réussite éclatante du concert toulousain.
Le retour triomphal de Maxim Vengerov
Le public de la Ville rose n’avait pas entendu Maxim Vengerov depuis 2006. Les médias évoquaient un « concert explosif » – expression peut-être promotionnelle, mais qui s’est révélée d’une justesse étonnante. La soirée fut en effet électrisante : la salle entière s’est levée, submergée par un déluge de bravos. Mais qu’est-ce qui a pu susciter un tel enthousiasme ?
Dans le cadre d’un partenariat entre l’École normale de musique de Paris – Alfred Cortot et le Théâtre de la Ville – Les Abbesses, une série de concerts met en lumière les lauréats de l’« Artist Diploma ». Le 8 novembre dernier, un imprévu a bouleversé la programmation : le jeune pianiste initialement prévu a dû renoncer à se produire, victime d’une tendinite aiguë. C’est alors que Dana Ciocarlie, professeur à l’École normale, a accepté de le remplacer au pied levé.
Avant le début du concert, l’organisatrice prend la parole pour raconter les péripéties de ce remplacement de dernière minute : les échanges téléphoniques avec l’artiste empêché, la décision de l’annulation, l’envoi d’un message à plus de soixante-dix pianistes potentiels, les réponses reçues — souvent avec des programmes inadaptés à un concert familial — et enfin le choix de la remplaçante idéale. Ce rendez-vous, prévu à 11 heures, s’adresse en effet à tous les publics dès sept ans : il fallait donc une artiste capable de s’adresser aux enfants et de rendre la musique vivante et ludique.
Concertiste reconnue, nommée aux Victoires de la musique, célèbre notamment pour son intégrale Schumann enregistrée en public au Palais de Béhague, Dana Ciocarlie dispose dans son répertoire de programmes spécialement conçus pour les plus jeunes. Sa disponibilité ce matin-là fut une véritable chance — pour la salle comme pour le public, conquis par son récital interactif.
La cérémonie de remise du Birgit Nilsson Prize, décerné cette année au Festival d’Aix-en-Provence, s’est tenue le 21 octobre dernier au Konserthuset de Stockholm, en présence du roi Carl XVI Gustaf et de la reine Silvia.
L’annonce du sixième Prix Birgit Nilsson avait été faite en mai dernier, « pour les réalisations artistiques exceptionnelles du Festival, avec une mention spéciale pour la création en 2021 de l’opéra Innocence de Kaija Saariaho ». Doté d’un million de dollars américains — ce qui en fait le prix le plus prestigieux et le mieux doté du monde de la musique classique —, il avait été attribué pour la première fois en 2009 à Plácido Domingo, puis à Riccardo Muti (2011), au Philharmonique de Vienne (2014), à Nina Stemme (2018) et à Yo-Yo Ma (2022).
Une cérémonie sous le signe de l’opéra contemporain
Puisque le Prix 2025 met en lumière Innocence de Kaija Saariaho, créé à Aix-en-Provence, sa librettiste Sofi Oksanen figurait parmi les invitées d’honneur. Sir George Benjamin, dont les opéras Written on Skin et Picture a Day Like This furent également créés à Aix (respectivement en 2012 et 2023), était présent aux côtés du roi et de la reine, ainsi que de la maire d’Aix-en-Provence et du président du Festival.
En amont de la cérémonie, Oksanen et Benjamin participaient à un press talk en compagnie d’un invité surprise : Klaus Mäkelä. Tous trois ont évoqué la fabrique du Festival d’Aix et la genèse de Innocence, tandis que le chef finlandais laissait entrevoir « une grosse production » à venir pour l’édition 2026.
Un hommage au rôle du Festival
Dans son discours, Susanne Rydén, présidente de la Fondation Birgit Nilsson, a parfaitement résumé la motivation du Prix 2025 : « Depuis la naissance de l’opéra, cet art a offert à l’humanité des expériences musicales extraordinaires, des émotions fortes et des récits mêlant réalité et fiction, stimulant à la fois l’esprit et la société. La Fondation Birgit Nilsson est convaincue que l’opéra a un rôle essentiel à jouer à notre époque, en apportant de nouvelles perspectives et en nous invitant à vivre des expériences tant personnelles que collectives. Tout au long de ses 77 ans d’existence, le Festival d’Aix-en-Provence a précisément offert cela, en créant des expériences qui ont profondément marqué artistes et publics. »
Un concert d’une grande tenue
Outre la remise du prix par le roi de Suède, les moments les plus attendus pour les mélomanes furent sans doute les intermèdes musicaux. Trois chanteurs — le baryton Peter Mattei, la soprano Matilda Sterby et le ténor Daniel Johansson — se sont produits sous la direction de Susanna Mälkki.
Dans la sérénade de Don Giovanni et la romance puis le final de Tannhäuser, Peter Mattei a déployé son timbre velouté avec une autorité naturelle et une stabilité vocale impressionnante, semblable au tronc d’un grand arbre. En une seule apparition dans le final de Tannhäuser, Daniel Johansson a fait valoir une voix ouverte et ample.
La véritable révélation de la soirée fut toutefois Matilda Sterby, boursière Birgit Nilsson 2024. Lauréate du prix Schymberg 2022 et du concours international Wilhelm Stenhammar 2024, la soprano allie une technique irréprochable à une projection puissante, idéale pour le répertoire wagnérien. Dans l’air du mariage de l’acte V d’Innocence — dont la création suédoise date de moins d’un an —, elle a séduit par la richesse de son timbre, son aisance sur toute la tessiture et une présence scénique évidente. Sa manière d’entrer dans le rôle laisse présager une carrière internationale prometteuse.
Omniprésent dans le jazz, le saxophone l’est beaucoup moins dans le répertoire classique où il a pourtant commencé à être utilisé dans l’orchestre par Berlioz, Bizet, Magnard, avant que Ravel, Prokofiev ou Frank Martin ne s’en emparent également. Le dernier concert de l’ONPL (Orchestre National des Pays de la Loire) était une occasion en or pour découvrir les rutilants saxophones alto et soprano joués par la jeune virtuose Asya Fateyeva. Condamné pour son néoclassicisme intempestif qui a relégué sa musique dans l’oubli, Alexandre Glazounov pourrait fort bien revenir en grâce à notre époque où les compositeurs ont cessé d’être sous le diktat impérieux de la modernité. Composé en 1934 lors de son exil parisien, son Concerto pour saxophone alto et cordes, en un seul mouvement, utilise toutes les possibilités expressives de l’instrument dans un langage devant autant à son maître Rimski-Korsakov qu’au souvenir du prodigieux talent mélodique de Tchaïkovski, figure tutélaire de tous les compositeurs russes. Une occasion rêvée pour Asya Fateyeva de déployer une grande qualité sonore et un véritable sens lyrique.
C’est ensuite avec un saxophone soprano que la jeune instrumentiste revient sur scène pour interpréter la brève Fantaisie pour saxophone, trois cors et cordes composée par le très prolixe compositeur brésilien Heitor Villa-Lobos. Commencée à New York, achevée à Rio de Janeiro, cette pièce dédiée au saxophoniste français Marcel Mule est un mini concerto de coupe classique utilisant la tessiture la plus aiguë et la plus périlleuse de l’instrument. Succès assuré pour Asya Fateyeva et Sora Elisabeth Lee, cheffe invitée de ce concert d’abonnement. Généreuses, les deux musiciennes ont présenté en bis les truculentes et joyeuses Danses roumaines de Bélà Bartok dans une très habile transcription pour saxophone et cordes.
Ce dimanche 9 novembre a lieu le concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël à la Philharmonie du Luxembourg. La phalange israélienne, placée sous la direction de son directeur musical Lahav Shani, est actuellement en tournée européenne pour une série de neuf concerts. Au programme de la soirée, deux œuvres emblématiques du répertoire symphonique : le Concerto pour piano n° 5 en mi bémol majeur, op. 73, dit « L’Empereur », de Beethoven, ainsi que la Symphonie n° 5 en mi mineur, op. 64 de Tchaïkovski. Le soliste du soir est le pianiste Yefim Bronfman.
Le concert s’ouvre avec le Concerto pour piano n° 5 en mi bémol majeur, op. 73, dit « L’Empereur ». Cette œuvre présente plusieurs points communs avec la Symphonie n° 3 en mi bémol majeur, op. 55, dite « Héroïque », du même compositeur. Les deux pièces partagent en effet la même tonalité et un souffle épique, tout en repoussant les limites des formes classiques — particulièrement dans le premier mouvement.
Yefim Bronfman démontre ici toute la maîtrise et la musicalité de son jeu pianistique. Le premier mouvement, Allegro, est conduit de main de maître, avec une architecture claire et intelligemment construite. Le pianiste ne tombe jamais dans la redondance, malgré la longueur du mouvement ; au contraire, il en souligne les contrastes, oscillant entre héroïsme et lyrisme. Les cadences sont exécutées avec brio, virtuosité et sensibilité.
L’Adagio constitue un véritable havre de paix, interprété avec une sérénité presque céleste, plongeant le public dans une atmosphère méditative. La transition vers le Rondo s’effectue avec une remarquable fluidité. Dans ce dernier mouvement, Bronfman déploie une intensité jubilatoire et une joie communicative. Le duo avec les timbales — révélant une belle complicité entre le timbalier et le pianiste — marque l’approche de la conclusion, juste avant la dernière explosion orchestrale.
Les compositeurs français de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, qui gagneraient à être mieux connus, ne manquent pas. Il faut dire que cette période a été un véritable âge d’or de la musique française, et que les compositeurs qui, eux, sont fréquemment joués, ne manquent pas non plus. Pour autant, il est injuste que certains (et certaines, car des compositrices sont aussi concernées) soient restés dans l’ombre. Guy (de son prénom complet Joseph Guy-Marie) Ropartz est assurément de ceux-là.
Outre son activité de compositeur, mais aussi de poète et de romancier, il a marqué durablement les élèves, ainsi que le public, de Nancy (de 1894 à 1919), puis de Strasbourg (de 1919 à 1929), en tant que directeur de conservatoire. Chargé des saisons musicales, il avait à cœur de faire découvrir les œuvres des compositeurs contemporains (sa fidélité à l’égard d’Albéric Magnard, avec lequel il a entretenu l’une des plus belles amitiés qui soient entre deux compositeurs, est à cet égard exemplaire). Quant à sa propre activité créatrice, il est l’auteur d’une centaine d’ouvrage, dans tous les genres musicaux. Parmi eux, la musique de chambre occupe une bonne place, avec notamment six quatuors à cordes, et cinq sonates avec piano (sans compter une Sonatine pour flûte) : trois pour violon, et les deux pour violoncelle de ce concert.
Ce dimanche 2 novembre a lieu le concert du Deutsches Symphonie-Orchester (DSO) de Berlin à Bozar. La phalange berlinoise, dirigée par Marin Alsop, est accompagnée du pianiste japonais Hayato Sumino. Trois œuvres figurent au programme de la soirée : Fate Now Conquers de Carlos Simon, le Concerto pour piano et orchestre n° 1, op. 11, en mi mineur de Frédéric Chopin, ainsi que la Symphonie n° 4, op. 98, en mi mineur de Johannes Brahms.
Le concert s’ouvre avec Fate Now Conquers, de Carlos Simon. Commandée par le Philadelphia Orchestra et son directeur musical Yannick Nézet-Séguin, cette pièce a été composée en 2020 par le compositeur américain. Il s’est inspiré de la structure harmonique du deuxième mouvement de la Septième Symphonie de Beethoven, ainsi que d’un extrait de l’Elias. L’œuvre condense en cinq minutes toute l’incertitude de la vie. Le DSO en donne une belle interprétation, avec des cordes dont les arpèges fougueux se dissipent peu à peu en un voile indéfinissable. Les vents ponctuent le discours musical par des interventions agitées, tandis que les timbales se démarquent par leurs éclats.
Après cette brève introduction, place au Concerto pour piano et orchestre n° 1, op. 11, en mi mineur de Frédéric Chopin. Ce concerto est en réalité le deuxième qu’il compose chronologiquement : il l’écrit en 1830, alors que le Concerto pour piano et orchestre n° 2, en fa mineur, date de 1829. Le pianiste japonais Hayato Sumino est le soliste de la soirée. Il livre une très belle prestation, faisant preuve d’une virtuosité évidente tout en conservant une certaine retenue, évitant ainsi toute outrance. Il montre également une grande sensibilité et un large éventail de nuances. Toutefois, l’alchimie entre le soliste et l’orchestre n’est pas totalement aboutie, comme en témoigne la fin du développement du premier mouvement, où l’on perçoit une légère zone de turbulences. Marin Alsop veille cependant à maintenir la cohésion et permet aux deux parties de rester ensemble. On peut aussi regretter que le pianiste ne rentre pas dans le ritenuto de l’orchestre lors de sa première intervention dans le Rondo.
Chaque année, Pianoscope de Beauvais invite un pianiste différent à en assurer la direction artistique. En 2025, Lucas Debargue propose une programmation où les chefs-d’œuvre du répertoire côtoient transcriptions et improvisations.
Notre week-end débute le samedi 18, au nouveau Théâtre du Beauvaisis fraichement inauguré au début de l’année, avec un concert « deux en un » réunissant Béatrice Berrut en première partie et Florian Noack en seconde. Tous deux excellent dans l’art de la transcription et de la composition, mais aussi dans celui, plus rare, de la présentation au public. Le programme de Béatrice Berrut s’attache à un répertoire de la fin du XIXᵉ siècle, tandis que celui de Florian Noack s’oriente vers le XXᵉ, avec une nette inclination pour le jazz. Parmi les pièces jouées par Berrut, le diptyque Polaris et Céphéides, de sa propre plume, évoque les constellations avec poésie et imaginaire.
Florian Noack, de son côté, impressionne notamment avec sa transcription des Danses polovtsiennes de Borodine, restituant au clavier toute la richesse orchestrale et la diversité des timbres. Au fil du récital, il affirme de plus en plus son goût pour le jazz à travers Five o’clock Foxtrot de Ravel, des Songs de Gershwin ou encore Dinah de Fats Waller, toujours dans ses propres transcriptions. Son interprétation respire la légèreté, la gaieté et le sourire, portée par une virtuosité jamais démonstrative, entièrement mise au service de la musique.
Pour célébrer les 150 ans de la naissance de Ravel, l’Orchestre national de Lille a proposé une tournée de quatre concerts autour d’un programme original, mêlant raretés et hommages. À côté d’une adaptation de la suite orchestrale Antar de Rimski-Korsakov, on découvrait la Petite Suite de Germaine Tailleferre.
Sous la direction de Joshua Weilerstein, l’Orchestre national de Lille semble trouve un nouveau souffle. La sonorité s’est élargie, l’expression s’est assouplie et enrichie de nuances plus colorées. Les trois petites pièces de caractère de Tailleferre — Prélude, Sicilienne et Les Filles de La Rochelle — évoquent des images comme des pages d’un livre de contes. Elles s’enchaînent naturellement à la Pavane pour une infante défunte de Ravel, dont la délicatesse trouve ici un écho poétique. Les cordes, soyeuses, dessinent avec justesse la silhouette fragile de cette princesse éternellement endormie.
Vient ensuite le Concerto en sol, avec au piano Nikolaï Lugansky. Interpréter Ravel n’est pas si courant chez ce pianiste, et l’occasion attire à juste titre l’attention. Dès le premier mouvement, sa précision et son sens du rythme imposent l’écoute. Le final, d’une énergie maîtrisée, témoigne d’une parfaite cohésion entre le soliste et l’orchestre. Mais c’est surtout le mouvement lent qui retient l’émotion : dans la rigueur du cadre rythmique, Lugansky laisse respirer la musique avec de subtiles inflexions de tempo, sans la moindre emphase romantique. Le bis — Jardins sous la pluie de Debussy — confirme cette élégance distante, presque ascétique, mais d’une beauté souveraine. On notera aussi son attitude sur scène : lorsque le chef présente chaque pupitre, il salue avec lui les musiciens par un signe de main ; on perçoit un véritable respect et une complicité rare entre les artistes.