Au Concert

Les concerts un peu partout en Europe. De grands solistes et d’autres moins connus, des découvertes.

Concert surprenant du Baroque au Romantisme

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L'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo est un orchestre remarquable qui arrive à passer d'un répertoire de différents styles en l'espace de quelques jours, de la musique baroque à la musique contemporaine en passant par tous les chefs-d'œuvre classiques et romantiques. Les musiciens excellent dans tous les genres tant pour les concerts symphoniques que pour les opéras ou les ballets.

Ainsi ce concert s'intitule "Du Baroque au Romantisme" et propose un choix d'œuvres magnifiques de Haydn, Gluck, Mozart et Beethoven.  C'est Giovanni Antonini, grand spécialiste du répertoire baroque et classique, qui est le chef invité à monter au pupitre.  Il est l’initiateur du projet "Haydn 2032" : enregistrer les 106 symphonies de Haydn à l'occasion du 300e anniversaire de la naissance du compositeur, avec son Giardino Armonico et le Kammerorchester Basel dont il est chef invité privilégié.  Il est donc évident de commencer le concert par une œuvre de Haydn, l'ouverture Philémon et Baucis. On se laisse bercer par les belles mélodies, et puis surprise, il enchaîne sans interruption avec Orphée et Eurydice et "Scène des Champs Elysées" de Gluck. C'est une pratique courante pour des récitals de piano, mais inhabituelle pour des concerts avec orchestre. Le public est un peu déstabilisé. Giovanni Antonini comprend parfaitement le langage musical de Haydn et de Gluck et le communique avec clarté et conviction. C'est frais, éblouissant, vibrant et enflammé.

Le Requiem de Verdi à Bozar avec Philippe Herreweghe

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Lorsque Gioachino Rossini décède en 1868, Giuseppe Verdi et douze de ses contemporains composent un Requiem en son honneur. Cette Messa per Rossini en 13 parties (une par compositeur), tomba dans l’oubli et ne fut redécouverte et créée que dans la seconde partie du 20e siècle. Quand, le 22 mai 1873, meurt l’écrivain Alessandro Manzoni, Verdi est dévasté et décide de composer un Requiem en son honneur, seul cette fois. Pour ce faire, il reprend le « Libera me » qu’il avait composé pour la Messa per Rossini et qui deviendra la base de sa nouvelle œuvre. Celle-ci fut créée le 22 mai 1874 par Verdi lui-même.

Divisé en sept parties (Introitus : Requiem et Kyrie, Sequentia : Dies Irae, Offertorium : Domine Iesu, Sanctus, Agnus Dei, Communio : Lux Aeterna, Responsorium :Libera Me), ce Requiem est l’une des œuvres les plus grandioses du maître italien. Son exécution nécessite la présence de quatre solistes (basse, ténor, mezzo-soprano, soprano), un chœur mixte et un grand orchestre.

Ce jeudi 27 avril 2023, à Bozar, la Messa da Requiem de Giuseppe Verdi a été dirigée d’une main ferme et précise par Philippe Herreweghe. Le chef belge a poussé l’orchestre et les chanteurs jusqu’aux dernières limites de nuances possibles. Toujours très démonstratif dans les nuances et le caractère souhaités, précis dans ses mouvements et à l’écoute de chaque voix -comme le démontre certains gestes pour contenir la voix puissante de la soprane Eleanor Lyons, il nous a offert une très belle interprétation de ce Requiem.

Le Collegium Vocale Gent (fondé en 1970 par P. Herreweghe) et l’Antwerp Symphony Orchestra nous ont livré une magnifique prestation. La puissance du chœur était à couper le souffle, surtout dans le Dies Irae. La précision et la justesse des choristes fut parfaite d’un bout à l’autre du concert, et le public ne s’y est pas trompé. Ce sont eux qui ont reçu les plus chaleureux applaudissements lors de la longue standing ovation. Parmi les plus beaux moments, nous pouvons citer le passage fugué du Te decet hymnus, les coups de tonnerre du Dies Irae ou encore le récitatif hypnotisant du Libera Me. L’orchestre s’est lui aussi démarqué par sa précision chirurgicale, surtout dans les nuances et dans les balances. En une heure et demie de musique, l’orchestre n’a jamais pris le dessus sur les solistes ou le chœur, tout en étant toujours présent pour les soutenir. Le meilleur exemple en est le tapi de trémolos des cordes au début du Lux Aetaerna, sur lequel la mezzo Sophie Harmsen n’a eu qu’à poser sa magnifique voix.

A Genève, un somptueux Orchestre Philharmonique du Luxembourg

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Pour un unique concert à Genève, le Service Culturel Migros a invité l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg et le chef espagnol Gustavo Gimeno, son directeur musical depuis 2015. Avec un effectif dépassant la centaine de musiciens, le programme donné au Victoria Hall le 24 avril est conçu à la mesure de cette imposante formation et débute par une œuvre peu connue de György Ligeti, le Concerto Românesc datant de 1951 et imprégné de folklore roumain. Gustavo Gimeno y développe un chant nostalgique qu’exposent les cordes, suscitant l’envolée des bois en une danse exubérante. S’y enchaîne un Adagio ma non troppo qui fait appel aux cors naturels dialoguant avec le cor anglais et les bois en de pathétiques inflexions qu’assimilera le violon solo. La tension qui en résulte éclatera dans le Molto vivace conclusif dont l’effervescence le rapproche de la Première Rhapsodie Roumaine de George Enesco.

Intervient ensuite le multi-percussionniste autrichien Martin Grubinger qui occupe un quart de la scène avec une véritable cuisine d’instruments à percussion les plus invraisemblables jouxtant une batterie de jazz et trois timbales. Comme un sportif de haut niveau, avec un linge sur l’épaule, il court dans tous les sens, en changeant continuellement de baguettes pour présenter un ouvrage écrit sur mesure pour ses moyens, le Concerto pour percussion composé en 2017 par le musicien islandais Daníel Bjarnason et créé à Helsinki le 2 novembre 2022 par son dédicataire qui annonce qu’il quittera définitivement la scène le 30 mai 2023. Alors que l’orchestre tisse sans relâche un canevas atteignant divers sommets expressifs, le soliste nous fait découvrir le txalaparta, instrument basque proche du xylophone, dont une cascade de notes ramène le discours vers les timbales. Avec l’aide de deux collègues, est produit un roulement étrange entraînant dans son sillage le rituel des cloches cérémoniel et la progression vers un choral des cuivres. Mais c’est la percussion qui prend le dessus en nous confrontant à un univers qui s’écroule comme l’Inferno de Dante, d’où le titre donné finalement à cet ouvrage à nul autre pareil. Et le public applaudit la performance qu’a dû fournir le soliste durant une bonne demi-heure. 

Le triomphe d'Alexandre Kantorow à Bruxelles

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Avant que le Belgian National Orchestra ne prenne possession de la grande scène du Palais des Beaux-Arts vendredi dernier, Maris Gothoni (Responsable de la planification artistique), Mien Bogaert (dramaturge), Anthony Devriendt (corniste de l’orchestre et membre de la commission artistique) ainsi que le directeur musical Anthony Hermus (intervenant par vidéo depuis La Haye) avaient procédé au bénéfice de la presse et des amis de l’orchestre à une brève présentation de la prochaine saison qui s’annonce fort prometteuse, offrant une programmation intelligemment construite avec des chefs et solistes de qualité, le tout étant placé sous la devise -pas franchement joyeuse- « Hope and Despair ». 

Mais l’événement le plus saillant de la soirée, et qui avait fait venir le public en nombre, était bien la prestation extrêmement attendue du phénoménal Alexandre Kantorow qui se produisait pour la première fois avec la formation nationale, et de plus dans le rarissime -tant au disque qu’au concert- 2e Concerto pour piano et orchestre, Op. 44 de Tchaikovsky.

L’oeuvre a en effet de quoi intimider plus d’un pianiste par son extrême difficulté technique et sa longueur inhabituelle (autour de 50 minutes), alors que le mouvement lent est un étrange hybride comportant d’importants solos de violon et de violoncelle et prend de temps à autre la forme d’un triple concerto. 

A Genève, le Concours Horowitz de Kiev 

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En 1995 a été fondé à Kiev le Concours International pour jeunes pianistes en mémoire de Vladimir Horowitz, né en cette ville le 1er octobre 1903 (même si aujourd’hui est admis le fait qu’il aurait vu le jour à Berdichev). En vingt-sept ans, plus de 1300 musiciens ont participé à cette ‘compétition’. En ces jours-ci, à cause de la situation en Ukraine, la Fédération Mondiale des Concours Internationaux de Musique a proposé d’organiser la manifestation à Genève, ce qui a occasionné un nombre record d’inscriptions, soit 303 pianistes provenant de 37 pays différents. En sept jours, en la Salle Franz Liszt du Conservatoire, se sont produits 29 candidats, réduits à 15 pour le deuxième round, à 9 pour le troisième, à 3 pour le final. Et ce concert conclusif a eu lieu au Victoria Hall le 21 avril en réunissant des membres de l’Orchestre Symphonique National d’Ukraine et quelques-uns des chefs de pupitre de l’Orchestre de la Suisse Romande placés sous la direction de Kirill Karabits, lui aussi natif de Kiev.

Paraît d’abord Julian Trevelyan, jeune artiste anglais de vingt-quatre ans, lauréat de divers concours et se perfectionnant actuellement à l’Ecole Normale de Musique Alfred Cortot à Paris. Dans le catalogue des vingt concerti à disposition des candidats, il choisit le 23e Concerto en la majeur K.488 de Mozart qu’il aborde avec un jeu sobre et clair en bénéficiant du tempo moderato que Kirill Karabits impose à l’Allegro initial en demi-teintes. En un legato magnifique, le soliste privilégie la ligne de chant en y ajoutant quelques abbellimenti discrets que ponctue la main gauche avant de parvenir à la cadenza au phrasé libre comme si elle était improvisée. L’Adagio est développé dans une fluidité de coloris qui le rapproche de la véritable aria de belcanto abondamment ornementée, tandis que le Final est un Allegro assai qui confine au Presto par la brillance du trait que le solo assimile au tutti en rendant le discours pimpant.

A l’OSR, une bouillonnante Neuvième

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Pour trois concerts au Victoria Hall de Genève et à l’Auditorium du Rosey à Rolle, Jonathan Nott et l’Orchestre de la Suisse Romande présentent devant un public cette Neuvième de Beethoven qui avait été préalablement programmée en juin 2020 mais qui avait finalement été filmée par les caméras de la télévision dans une salle vidée par la pandémie régnante du moment.

Avec le concours du même chœur, la Zürcher Sing-Akademie, mais avec un nouveau quatuor de solistes, Jonathan Nott se lance dans une lecture fougueuse imprégnée de Sturm und Drang. Pour l’Allegro ma non troppo initial, il tisse un canevas presque irréel qui s’innerve d’inflexions tragiques avec l’envolée des premiers tutti. Selon leur néfaste habitude, les bois gomment les nuances en rendant impossible le contraste entre les blocs sonores. La baguette du chef suscite une continuelle effervescence qui atteint divers points culminants sans pouvoir écarter l’écueil de la boursouflure. Par une progression qui étage mal les plans superposés, le ritardando a tempo conclusif paraît bien prosaïque. A coup de traits acérés martelés par les timbales omniprésentes, le Molto vivace est parcouru par une indomptable énergie qui rend trépidant le staccato des cordes amenant à un Presto haletant. Malgré une intonation incertaine en ses premières mesures, l’Adagio molto e cantabile devient le point focal de l’œuvre par le cantabile suave que développent seconds violons et viole (altos) en un lyrisme éploré qu’assimileront les premiers violons en intensifiant l’expression afin de parvenir à un tutti percutant comme un appel du destin. Le Final renoue avec le pathétique du début que les violoncelles et contrebasses aseptisent par un récitatif aux accents tragiques qui amène l’intervention du baryton-basse Daniel Schmutzhard claironnant avec panache ses « Freude ! Freude ». Lui répond le remarquable ensemble choral de la Zürcher Sing-Akademie (préparé par Florian Helgath), ayant un pupitre d'alti et de ténors en mesure de négocier décemment les sauts d’octave à tempo rapide quasiment impossibles qu’un instrument à cordes exécute aisément. Sa cohésion des registres peut lui être enviée par le bien misérable quatuor soliste incluant un ténor cherchant ses marques dans un style qui lui échappe et deux voix féminines d’une déplorable inconsistance. Par son souffle épique, la direction de Jonathan Nott va à l’essentiel, quitte à amenuiser les oppositions de coloris pour parvenir à un Prestissimo effréné en guise d’apothéose. Et le public applaudit longuement l’ensemble du plateau, notamment le chœur zurichois qui mérite les ovations.

La rare et monumentale Symphonie n°3 de Glière à Bozar

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Ce samedi 23 avril, l’Orchestre Symphonique de la Monnaie et le Belgian National Orchestra s’unissent le temps d’un concert pour interpréter la Symphonie N°3 en si mineur « Il’ya Muromets »  op 42 de Reinhold Glière. Cette œuvre à programme en quatre mouvements, composée entre 1909 et 1911, illustre parfaitement le postromantisme. Elle est un assemblage de quatre poèmes symphoniques que nous pourrions associer à ceux de Franz Liszt. L’orchestration aurait réussi à impressionner Nikolaï Rimski-Korsakov, le tout avec une expressivité harmonique digne de Richard Wagner. Pour fini,r nous pourrions comparer la longueur et l’effectif de cet ouvrage à la Troisième Symphonie de Gustav Mahler. En effet, d’une durée de plus ou moins 80 minutes, elle est interprétée par pas moins de 105 musiciens issus des deux phalanges bruxelloises et placés sous la direction d’Alain Altinoglu.

Cette symphonie s’inspire de légendes populaires du pays natal de Glière. Le compositeur relate l’héroïsme du bogatyr Illia de Mourom, héros épique du Moyen Âge, originaire du Grand-Duché de Kiev, qui a lutté contre le mal mais qui a fini changé en pierre. Le compositeur russe d’origine germano-polonaise réussit à nous raconter cette histoire avec une musique trépidante. 

Dans le premier mouvement, Ilia Mourometz, le fils d’un paysan, est resté assis pendant trente années quand, un jour, deux pèlerins de passage lui ordonnent de devenir un bogatyr et de partir en quête de Svyatogor, le plus puissant des guerriers. Celui-ci, lorsque Ilya le retrouve, lui lègue tous ses pouvoirs avant de mourir. Au niveau de l’interprétation, les pupitres graves de l’orchestre sont principalement sollicités dans le début de ce mouvement. Après quelques minutes d’une certaine sobriété, un solo à l’unisson de la clarinette basse et du cor anglais est interprété avec justesse sur un tapis des cordes. Par la suite, un pupitre de cors conquérants lance le premier vrai crescendo de l’œuvre. Un grand choral solennel de cuivres s’ensuit. Après un nouveau passage grandiose, tout se calme pour laisser place à un solo subtil de percussion. La conclusion du mouvement est triomphale : Ilia Mourometz a reçu les pouvoirs de Svyatogor.

Le concert de gala 2023 des ICMA à Wroclaw

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La cérémonie de remise des prix des International Classical Music Awards, suivie en soirée du concert de gala annuel, s'est déroulée dans la grande salle Witold Lutoslawski du Forum national de musique Witold Lutoslawski (NFM) à Wroclaw, en Pologne. Ce concert s’est donné à guichets fermés. 

Dans son message introductif, Rémy Franck, président du jury, a remercié le NFM Wroclaw pour l'organisation des deux événements, pour son engagement et pour l'hospitalité dont les ICMA ont bénéficié lors de la préparation de ces prix. Les deux événements ont réuni de nombreux lauréats ainsi que les membres du jury des médias de musique classique participants de toute l'Europe.

L'Orchestre Philharmonique du NFM Wroclaw, sous la direction de son chef d'orchestre Giancarlo Guerrero, a débuté le concert avec le pianiste Alessandro Marangoni au piano, artiste lauréat d’un Special Achievement Award. Avec l'Andante spianato et grande polonaise brillante op. 22 de Frederyk Chopin, ils offraient non seulement une œuvre rarement entendue de l'un des plus grands compositeurs polonais, mais aussi une ouverture qui plongeait déjà dans les profondeurs interprétatives et ne restait pas simplement dans une splendeur virtuose.

Vient ensuite le dernier mouvement du Concerto pour violon, piano et orchestre à cordes de Nikolai Kapustin, où les deux lauréats du prix de musique de chambre, Maxim Lando, piano et Tassilo Probst, violon ont brillé avec cette musique vivante et techniquement exigeante. Le public est emporté dans un tourbillon musical. 

Le Prix du jeune artiste de l'année a été décerné à Sào Soulez Larivière. Dans la Romance op. 85 pour alto et orchestre de Max Bruch, le soliste a démontré de manière convaincante les atouts de l'instrument. Ainsi, surtout pour une romance, son alto a offert la sonorité et la douceur qui ouvrent sur le rêve e tle paysage orchestral romantique en fleurs.

L'artiste de l'année, Ermonela Jaho, a fait briller tout son talent dans l'air “Io son l'umile ancella” d'Adriana Lecouvreur de Francesco Cilea, subtilement accompagnée par l’orchestre. 

Dans la Havanaise de Camille Saint-Saëns, Leonhard Baumgartner a hautement justifié son Prix Découverte. À 16 ans, il propose une interprétation musicalement sensible de la pièce, sans posture virtuose ; sa maîtrise technique de l'ouevre n'est qu'un préalable, non une fin en soi. L'orchestre a une fois de plus montré son talent dans un accompagnement attentif et de beaux accents solistiques. Le public a remercié ce soliste hautement charismatique de ses applaudissements soutenus.

Naxos a été honorée en tant que label de l'année. Représentant ce prix, Gabriel Schwabe a joué le troisième mouvement du Concerto pour violoncelle d'Antonín Dvořák. Soliste et orchestre ont montré le caractère romantique de l'œuvre sans exagérer dans l'expression. Avec cette pièce entraînante, les interprètes ont pris congé pour la pause.

D'un rêve à l'autre à Monte-Carlo avec l'OPMC

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L'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo présente un programme avec des œuvres de compositeurs français de la fin du XIXe et du début du XXe siècles : Gounod, Fauré et Debussy.  Un programme qui sort des sentiers battus mais qui permet à Kazuki Yamada, directeur musical et artistique de l’OPMC, de montrer sa connaissance et sa maîtrise de ces esthétiques dont il parvient à illustrer parfaitement toutes les couleurs et les sons de ce répertoire. 

Le concert commence par la  rare Symphonie n°2 de Charles Gounod dont la dernière exécution à Monte-Carlo date de 1930... Cette symphonie est bien composée, agréable à écouter, avec un bel équilibre entre les thèmes musicaux et un entrelacement précis d'harmonies, mais elle n'est pas vraiment d'un grand d'intérêt.

La pianiste japonaise Momo Kodama rejoint le plateau pour la première exécution à Monte-Carlo de la Fantaisie pour piano et orchestre de Gabriel Fauré. C'est un concerto pour piano avec un orchestre réduit à la "formation Mozart", bois par deux, quatre cors, une trompette, une harpe, un ensemble de cordes et timbales. Composée en 1918, elle reflète à la fois les angoisses et les espoirs du compositeur, mais aussi un sentiment d'allégresse et de bonheur. L'interprétation de Momo Kodama et de Kazuki Yamada est cristalline, empreinte de poésie, parfaitement rythmée et exécutée. L'OPMC, Kazuki Yamada et Momo Kodama sont en parfaite synchronisation, capturant et illuminant les lignes mélodiques et les harmonies ardentes de ce dernier chef-d'œuvre de Fauré. Cette œuvre, plutôt méconnue, mérite d'être entendue plus souvent.

Un Orfeo somptueux au Namur Concert Hall

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Ce vendredi 14 avril a lieu la représentation de l’Orfeo de Claudio Monteverdi au Namur Concert Hall. Leonardo García Alarcón et son ensemble Cappella Mediterranea retrouvent le Chœur de chambre de Namur pour interpréter une fois de plus ce tube de la musique baroque ensemble.

C’est en version de concert que nous est proposé cette œuvre.

Le concert commence en fanfare avec la Toccata jouée trois fois. Après cette mise en bouche festive place au Prologue. Dans ce prologue, Mariana Flores fait son apparition dans le rôle de La Musique. Elle annonce avec passion la fable d’Orphée qui va suivre ainsi que les effets de la musique sur le cœur.

Durant les cinq actes que composent cet opéra, solistes, choristes et musiciens vont unir leur force pour nous proposer une somptueuse soirée musicale. Tout d’abord parlons de ce casting flamboyant de solistes. Le rôle-titre, Orphée, est interprété par le talentueux Valerio Contaldo. Il se démarque avec ses airs brillamment exécutés, particulièrement dans les actes un, trois et cinq. Dans le premier acte, il déclare amoureusement sa flamme à Eurydice. Dans le troisième acte, nous le retrouvons avec un ton conquérant et désespéré à la fois, prêt à tout sacrifier pour ramener sa bien-aimée à la vie. Un sublime duo entre Orphée et la harpiste Marie Tournaisien a lieu dans cette partie de l’œuvre. Dans le dernier acte, il chante sa douleur éternelle avec une sensibilité touchante. Mariana Flores, en plus du rôle de La Musique, interprète Eurydice. Après avoir montré ses qualités vocales en muse d’Orphée, nous la retrouvons dans le quatrième acte lorsque qu’Orphée vient la chercher en enfer. Malheureusement ce dernier, en se retournant, perd définitivement sa dulcinée. Mariana Flores nous offre donc un moment poignant lorsqu’Eurydice fait ses adieux.