Couperin... royal!

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François COUPERIN (1668-1733) : Concerts Royaux (1722). Ensemble Les Timbres. 2017-DDD-61'57-Textes de présentation en anglais et français-Flora 4218

Le label Flora nous avait déjà ébloui il y a peu avec un disque magnifique consacré à l'art toujours étourdissant de Johann Jacob Froberger, offert par un jeune claveciniste, Julien Wolfs, au talent déjà pleinement épanoui.

Nous le retrouvons aujourd'hui accompagné par un ensemble brillantissime pour nous livrer une version des plus rafraîchissantes du chef-d'oeuvre de François Couperin que sont les Concerts Royaux, déjà si bien servis au disque. Ecrites à la toute fin du règne de Louis XIV, en 1714-1715, ces quatre splendeurs étaient destinées au plaisir du roi, lequel, dit-on, ne passait pratiquement aucun dimanche sans mander le compositeur, accompagné par quelques musiciens de grande valeur dont les noms nous sont parvenus et parmi lesquels on trouve le grand André Danican Philidor qui s'adjugeait les parties de hautbois et de basson. Par ailleurs, les documents qui nous donnent ces informations nous fournissent également une indication précise quant à l'effectif nécessaire pour l'exécution de ces pages, écrites sans mention précise d'instrumentation.

Il est d'ailleurs remarquable que ces Concerts pourraient être exécutés au clavecin seul, comme l'a prouvé Christophe Rousset dans son intégrale de l'oeuvre pour clavecin du maître. Au contraire d'autres ouvrages de musique de chambre sortis de sa plume, tels Les Nations ou L'Apothéose de Lully, Couperin s'en tient ici au style français le plus strict et pur, un style qu'il conservera dans ses dix Nouveaux concerts, un complément qu'il considérera toujours comme formant un tout avec les quatre premiers. Interprétation très « versaillaise », plus sans doute que ses principales rivales, celles des Kuijken (de la version complète chez Seon, seuls deux concerts seront réenregistrés plus tard chez Accent), de Jordi Savall, de Jaap ter Linden et Davitt Moroney, des Smithsonian Chamber Players ou du Trio Sonnerie : en fermant les yeux, on s'imagine très aisément dans un des petits cabinets du roi, dans une confortable intimité. Par rapport à ses concurrentes, la présente version s'impose avec évidence car on imagine mal davantage de munificence ramenée à un si petit nombre de musiciens, le tout joué avec une délicatesse et une large respiration qui ne peuvent que frapper l'imagination et inciter à l'apaisement et au plaisir simple d'une écoute sans nuages. Un très beau moment et un disque admirable.

Bernard Postiau

Son: 10 Livret: 10 Répertoire: 10 Interprétation: 10

 

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