Deux beaux concertos mais un seul réussi

par
Steinbacher

Benjamin BRITTEN
(1913 - 1976)
Concerto pour violon
Paul HINDEMITH
(1895 - 1963)
Concerto pour violon
Arabella STEINBACHER (violon), Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin, dir.: Vladimir JUROWSKI
2017-DDD-65' 47''-Notice en anglais et en allemand- SACD Pentatone PIC 5186 625

Arabella Steinbacher semble avoir des affinités particulières avec le répertoire du XXème siècle. Khatchaturian, Chostakovitch, Bartok ou Milhaud l'ont déjà séduite. Et voici deux nouveaux grands concertos modernes sous son archet, datant tous deux de 1939, écrits sous l'angoisse de l'avant-guerre par des compositeurs quittant leur patrie. Le couplage est logique, même si les langages sont fort différents. Le concerto de Britten, de plus en plus souvent joué, paraît prêt à rejoindre le grand répertoire. On peut y retrouver des influences de Sibelius, ou de Stravinsky, mais la patte est personnelle. La soliste développe bien les deux thèmes du premier mouvement, malgré un manque d'intensité lors de la cadence. Manque d'intensité qui se prolonge dans le mouvement central, pourtant très contrasté, virtuose et chromatique, et qui contient un amusant duo entre le piccolo et le tuba (comme dans la Chanson huguenote de Meyerbeer). Tout s'améliore grâce à la belle passacaille, avec variations, du finale, magnifiée par d'excellents trombones, sur laquelle se détache l'archet agile et lumineux de Steinbacher. Le mouvement conclut sereinement, après un beau climax orchestral. Version un peu inégale donc, qui ne fera pas oublier celle de Maxim Vengerov, par exemple (EMI). Le père de la violoniste bavaroise a bien connu Hindemith. Est-ce pour cela que l'interprétation s'impose nettement mieux ? Peut-être Steinbacher se sent-elle plus proche de l'univers d'Hindemith que de celui de Britten. Même l'excellent orchestre de Berlin semble tout ragaillardi. La violoniste souligne à l'envi les amples mélodies de la partition, en particulier dans le beau et intense "Langsam" central. Les deux interprètes - car il faut ici encore associer le chef Vladimir Jurowski - s'unissent pour offrir un somptueux final, elle légère et poétique et lui puissant, sans jamais couvrir sa soliste, et soulignant la richesse d'écriture d'Hindemith. L'osmose est accomplie, parfaite. A classer à Hindemith.
Bruno Peeters

Son 10 - Livret 8 - Répertoire 9 - Interprétation 8-10

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