Dramaturgie musicale

par
Schreker

Franz SCHREKER
(1878 - 1934)
Musiques orchestrales d’opéras
Royal Swedish Orchestra, dir. : Lawrence RENES
DDD–2106–68’ 30’’–Textes de présentation en anglais, allemand et français–BIS 2212

Le présent disque regroupe cinq œuvres orchestrales de Franz Schreker, quatre tirées d’un de ses dix opéras (Le Chasseur de trésor, Les Stigmatisés, Le Carillon et Le Son lointain) et une cinquième autonome, intitulée Prélude à un grand opéra, qui constitue la synthèse d’esquisses destinées à un futur opéra mettant en scène Memnon, le héros de la mythologie grecque, et que Franz Schreker n’écrira jamais. Ce dernier ouvrage devait être, selon le compositeur autrichien lui-même, une partition d’envergure « somptueuse », où « tous les registres de l’orchestre » seraient « sollicités ». On peut aujourd’hui en rêver car Prélude à un grand opéra est, sans conteste, l’œuvre la plus intéressante et la plus complexe enregistrée ici.
À la fois suave et expressionniste, lyrique et dramatique, elle montre en tout cas à quel point Franz Schreker a été un musicien inspiré, soucieux de rendre sensibles les états d’âme et les émois des personnages de ses opéras, dans la lignée, il va sans dire, de ceux de Richard Wagner, dont il a subi l’influence, comme tant d’autres de ses pairs dans les pays germaniques, au début du XXe siècle. Franz Schreker a du reste été tenu par la critique, après la création triomphale du Son lointain à Francfort, en 1912, pour le plus remarquable disciple de l’auteur de Parsifal, et d’aucuns à l’époque sont même allés jusqu’à considérer qu’il était un plus grand dramaturge que Richard Strauss. Il lui est, bien entendu, inférieur, mais on aurait tort pour autant de le négliger et de voir en lui un musicien de seconde catégorie. Si ses élans lyriques frôlent parfois l’excès, ou la boursouflure, ils sont dans l’ensemble fort bien orchestrés. À la tête du Royal Swedish Orchestra, le chef hollandais Lawrence Renes, qui a déjà dirigé de nombreux opéras çà et là en Europe et en Amérique du Nord, rend excellemment justice à ce créateur longtemps laissé dans l’ombre et qui, aux yeux des nazis, écrivait une musique « dégénérée »…
Jean-Baptiste Baronian

Son 9 – Livret 8 – Répertoire 7 – Interprétation 9

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