Eliane Reyes, le moment propice
Frédéric CHOPIN
(1810-1849)
Intégrale des Valses
Eliane REYES (piano)
2015-64’- Textes de présentation en français et anglais-Azur classical AZC 134
Eliane Reyes connaît bien les Valses de Chopin. A l’âge de neuf ans, elle en jouait deux pour l’émission de Jacques Martin, « l’Ecole des fans », époustouflant le public, qui en redemanda.
Son disque s’écoute tout autant comme un regard sur le chemin déjà accompli que comme un pas vers l’avant. Comme l’affirme la pianiste dans la notice du CD, Chopin l’accompagne depuis le début, et l’accompagnera sans doute encore longtemps : elle a joué ces Valses étant enfant, à l’âge ou le maître lui-même en commençait la composition, et le moment choisi pour enfin les enregistrer correspond de manière analogue à la fin de la vie du virtuose.
Très originales, les Valses appartiennent bien au répertoire de musique universel, à la fois ancrées dans leur époque et d’une actualité brûlante. L’immense majorité de ces pièces ne sont pas écrites pour être dansées; en réalité, seules la Grande Valse brillante op. 18, la Valse op. 64 no 2 et la Valse op. 70 no2 le sont. Chopin dépasse cet emploi et livre des pièces d’un style qui lui est propre dans un discours très personnel, voire intime. On y trouve une immense palette de sentiments et d’humeurs.
C’est avec cette vision très large qu’Eliane Reyes envisage cette intégrale : en résulte un impressionnant foisonnement d’idées, une variété immense de couleurs et d’ambiances qui transforment une simple valse en un tableau fourmillant de détails, comme si l’on pouvait vivre une vie entière sur trois pages de musique. Le tempo de l’interprète est absolument libéré, son discours très subtil, et sa volonté entièrement dévouée à faire vivre au plus profond les possibilités expressives de ces miniatures musicales.
Certaines imperfections au niveau de la prise de son sont malheureusement à déplorer, notamment un bruit très distinct de tourne de page dans la toute première valse, mais il faut bien une petite ombre au tableau.
Marin Morest, reporter de l’IMEP