Béatrice Berrut magnifie Liszt 

par
Liszt, Berrut, Aparté

Franz LISZT
(1811 - 1886)
« Après une lecture du Dante » (Les Années de pèlerinage, deuxième année : Italie, S. 161), S. 161/7 – Ballade n°1 en Ré bémol majeur, S. 170 – Ballade n°2 en si mineur, S. 171 – « Vallée d’Obermann » (Les Années de pèlerinage, première année : Suisse, S. 160), S. 160/6 – Consolations, S. 172
Béatrice Berrut, piano
2016-DDD-73’-Textes de présentation en anglais, français et allemand-Aparte-AP137

Pour son troisième disque, la pianiste suisse Béatrice Berrut oscille entre la profondeur et la virtuosité chères à Franz Liszt. Après des études au Conservatoire de Lausanne, à la Fondation Henirch Neuhaus de Zürich et enfin à la Hochschule für Musik Hanns Eisler de Berlin (classe de Galina Iwanzowa), elle se perfectionne auprès de John O’Conor (élève de Wilhelm Kempff) à la Royal Irish Academy of Music de Dublin. Elle est aussi titulaire de nombreux prix : Concours Eurovision des jeunes musiciens 2002, Prix de la Société des Arts de Genève en 2006, prix « Revelacion » de la presse musicale argentine… Artiste Bösendorfer, elle se produit régulièrement à travers le monde en compagnie notamment de Shlomo Mintz, Itzhak Perlman, Mihaela Martin, Gidon Kremer, l’Orchestre Philharmonique de Dortmund, l’Orchestre de la Radio Suisse italienne et plus près de chez nous, le Brussels Philharmonic Orchestra.
Forte de ces expériences, Béatrice Berrut présente un programme alliant délicatesse, intériorité, poésie et virtuosité. Metanoia – « changement profond de l’état d’esprit » - se veut comme un regard sur la vie tumultueuse et contradictoire du compositeur hongrois, des tournées de concerts dans sa jeunesse à la période plus spirituelle. Béatrice Berrut s’exprime d’ailleurs très justement en ces mots, reflet et direction artistique du programme : « La musique comme guérison, comme consolation et, à l’inverse, la souffrance comme inspiration direction de la création. Aucune période n’illustre mieux ce paradoxe que le Romantisme ; parmi ses compositeurs, Liszt, et son cortège de contradictions ». Derrière ces considérations se cache en réalité une exécution remarquable et touchante. Dans la sonate en un mouvement, « Après une lecture du Dante », dernière pièce de la Deuxième année de Pèlerinage en Italie, Berrut charme l’auditeur par la limpidité du propos, la force dramatique qu’elle impose à chaque instant. Les deux Ballades alternent, toujours grâce au jeu poétique et lucide, sensibilité et douceur pour la première et angoisse et animosité pour la seconde. En poursuivant par « La Vallée d’Obermann », Béatrice Berrut démontre sa capacité à créer un discours ininterrompu où couleurs, dynamiques et contrastes se juxtaposent naturellement. En terminant par les six Consolations, six bijoux relativement courts, c’est le charme dans sa plus juste définition qui opère : calme, sérénité, homogénéité, pédale et timbre juste, direction de la ligne, travail raffiné de la polyphonie : tout y est. Béatrice Berrut est clairement une musicienne de talent, en atteste la richesse de son jeu et de sa vision. Elle offre ici un hommage considérable et abouti que l’on hisse volontiers au rang de « référence ».
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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