En direct de la Place Rouge, MOSCOU

Le 25 février 2014 par Bénédicte Palaux-Simonnet

Anna NETREBKO, soprano
Dmitri HVOROSTVSKY, baryton
Airs de VERDI, PUCCINI, GIORDANO, TCHAIKOVSKY
State Academic Symphony Orchestra « Evgeny Svetlanov », Academic Grand Choir « Master of Choral Singing », Constantine ORBELLAN, dir.
Juin 2013- 101'- DVD-NTSC/COLOUR/16:9-0-PCM STEREO:DTS 5.1- sous -titres italien, anglais, allemand, français, espagnol, chinois, coréen -DG 00440 073 4529

Indicible émotion lorsque s'élève le «Te Deum» de Tosca à l'ombre de la Cathédrale Saint Basile sur cette place «rouge» de tant de crimes et de gloire! Les deux milles personnes sagement alignées dans le couchant doré qui aveugle les instrumentistes semblent presque tétanisées. Pourtant, au fur et à mesure, le crépuscule fait place à la nuit -Tacea la notte placida- et la formidable énergie, l'implication de tous, y compris l'ingénieur du son et le chef opérateur, la générosité des interprètes gagnent les cœurs. Lorsque s'élèvent les accents d' Onéguine, la foule chante avec les solistes et les choristes. L'émotion est à son comble, les yeux brillent de larmes. C'est qu'entre temps, les imprécations du fringant Hvorostovsky «Cortigiani, vil razza dannata» (Rigoletto, Acte II) dont la voix ample, admirablement conduite, nargue le poids des ans, aura trouvé d'étranges échos en ces lieux et que la succession d'airs passionnés aura créé une tension paroxystique. Tension encore exacerbée par le contraste d'affects et de vigueur sexuelle naturellement incarnée par les deux solistes. Anna Netrebko affronte ici un répertoire un peu lourd (Trouvère, Chénier) mais puissance et velours du timbre font merveille. Les bis révèlent enfin sa nature heureuse et spontanée -«Die Csardasfürstin» ou «Podmoskovnye vechera»- au diapason d'une foule libérée.
L'ensemble, son et images, «sonne» italo-russe-caucasien. Toute trace de ce que Moscou et Saint-Pétersbourg chérirent et empruntèrent jadis à la subtilité, l'économie de moyens, l'élégance française s'étant volatilisée comme un parfum trop léger...
Bénédicte Palaux Simonnet