Fauré défendu par les Américains

par

Gabriel Fauré (1845-1924) : Oeuvres diverses
Masques et bergamasques - Fantaisie pour flûte - Pelléas et Mélisande Suite - Berceuse pour violon et orchestre - Elégie pour violoncelle et orchestre - Dolly version orchestrée par Rabaud - Pavane
The Seattle Symphony Orchestra dir.: Ludovic Morlot
2014 -  70'29'' - Notice en anglais - SSM1004 

Ce disque ravira tous les amateurs de l'oeuvre de Gabriel Fauré. Un compositeur dont la réputation est partagée entre un romantisme péjorativement qualifié de "charmant" et un langage harmonique trop complexe dans ses oeuvres tardives. Pourtant, sans l'apport de Fauré, il n'y aurait eu ni Debussy ni Ravel. Nourrie par le romantisme et une certaine élégance française, l'oeuvre de Fauré n'a eu de cesse d'évoluer et d'approfondir un monde qui lui est propre. Cet album est une belle représentation de l'univers orchestral onirique du compositeur. On y trouve des oeuvres très connues telle la fameuse Élégie pour violoncelle et orchestre et la Pavane pour choeur et orchestre. On y trouve aussi une transcription très subtile de la Suite pour quatre mains Dolly réalisée par le compositeur et chef d'orchestre Henri Rabaud. Pelléas et Mélisande est de la partie avec sa célébrissime Sicilienne. Un disque qui ne renouvelle donc pas la discographie fauréenne mais qui a pour mérite de montrer toutes les qualités du Seattle Symphony Orchestra dans un répertoire très délicat. Fauré exige un subtil sens des couleurs et des timbres. On bascule aisément dans une musique mièvre et "fin de siècle" redondante. Ce n'est pas le cas ici où chaque musicien de l'orchestre parvient avec finesse à délier toutes les délicatesses harmoniques de la musique. Pour preuve la superbe performance du violoncelliste Efe Baltacigil dans l'Élégie, profonde et d'une grande simplicité, qui renouvelle l'écoute de cette pièce mainte fois entendue. L’album est une belle réussite qui confirme le Fauré grand maître des couleurs orchestrales et de l'élégance française en musique. Au sein des compositeurs de son époque, Fauré a su tirer son épingle du jeu. Il ne fut pas un épigone de Wagner ou de Strauss et il s’est forgé sa propre esthétique. Un disque qui s’adresse aux amateurs et aux curieux.
François Mardirossian

Son 10 - Livret 8 - Répertoire 9 - Interprétation 10     

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