Gwendal Giguelay, à propos des Études de Chopin 

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Le pianiste Gwendal Giguelay fait paraître un album consacré à des œuvres de Chopin. Cet enregistrement propose les  24 Études et la Berceuse, Op.57. Le pianiste nous narre la genèse d’un album lié à une histoire personnelle.  

Qu’est-ce qui vous a motivé à enregistrer les 24 Études de Chopin ?

Le projet a d’abord été de les interpréter en concert, ce que j’ai fait à plusieurs reprises. Les enregistrer a donc été une continuité naturelle de cette expérience, d’autant que s’enregistrer fait partie intégrante du travail du musicien, qui progresse toujours en s’écoutant « de l’extérieur ».

Pour les pianistes, les Études de Chopin représentent une sorte de panthéon, et les enregistrements de référence sont légion. C’est donc aussi une sorte de défi personnel auquel je me suis attelé, qui me permet d’aborder la suite du répertoire pianistique avec une nouvelle « arme » !

Pourquoi compléter ce cycle par  la Berceuse, op. 57 ? 

 Je trouve que la Berceuse prend tout son sens au regard des Études : la technique employée semble faire écho à certaines d’entre elles, et elle me semble être un regard en arrière de Chopin sur ses opus 10 et 25. C’est une pièce magnifique, que j’ai beaucoup jouée et avec laquelle j’ai souvent clôs mes concerts d’Etudes. Elle ramène au calme, à la sérénité, après une ascension de l’Everest très mouvementée ! C’était donc tout naturel qu’elle figure sur l’enregistrement. 

Vous avez également rédigé le livret de cet album et j’ai lu que vous organisez autour de ce projet des séances de méditation. Pourquoi aller plus loin que le simple enregistrement ? 

 Les deux opus contiennent à eux deux la quintessence du langage de la première moitié du XIXe siècle. Ils ne sont pas si souvent joués en concert, or je trouve qu’ils offrent un véritable voyage en terre romantique. Les faire découvrir en live est toujours un bonheur pour moi qui les ai découverts, enfant, grâce au disque. Je suis également enseignant et j’interviens depuis longtemps dans divers contextes pédagogiques : quel meilleur vecteur que ce répertoire pour transmettre l’émotion musicale ?

Dans le communiqué de presse qui accompagne la sortie de cet album, il est précisé que ces études vous ont accompagné dans la revalidation de votre main gauche, suite à une intervention chirurgicale. Pourquoi particulièrement Chopin ? et pas un autre compositeur ? 

Chopin m’a en effet accompagné sur la longue voie de la rééducation - j’avais même commencé à travailler la main droite seule de certaines études avant de reprendre celles que je connaissais déjà et compléter l’ensemble. Je parlais plus tôt de pédagogie : il faut dire que mes grands élèves jouent ce répertoire pour des occasions diverses (concours, concerts), ce qui m’a aussi poussé à les inviter à mon répertoire. Enfin… j’aime énormément Chopin, comme tout féru de musique romantique, et il m’accompagne depuis très longtemps déjà dans mon parcours artistique, depuis par exemple l’enfance où je repiquais d’oreille et n’importe comment ses Préludes ou ses Valses !

Est-ce que vous envisagez de jouer à nouveau ce cycle intégral au concert ? 

Bien sûr, ça a déjà été le cas, notamment à de nombreuses reprises l’été dernier. Mais c’est un travail de longue haleine, un répertoire extrêmement exigeant qui ne souffre pas le relâchement ni dans la préparation, ni dans la concentration au moment du concert. On serait dès lors tenté de se laisser aller à un répertoire un tout petit peu plus économe… Mais je suis loin d’en avoir fini avec ce cycle !

Vous êtes également un improvisateur émérite. Est-ce qu’il y a une part d'improvisation dans l’enregistrement des études de Chopin ? 

Bien sûr, Chopin, et Liszt d’ailleurs, étaient de grands improvisateurs. Les deux opus, notamment au concert, permettent une forme de liberté dans l’interprétation, dans les choix qui découlent de nombreux paramètres : instrument, salle, public, mais aussi état d’esprit du moment, quantité de sommeil… !

Dans l’enregistrement, cet aspect improvisé est certes présent mais dans des proportions différentes : pas ou peu de public, conditions sonores différentes, possibilité de répéter une étude autant de fois que nécessaire… De plus les prises les plus « aventureuses » ont tendance à être écartées dans un souci d’unité et de cohérence de l’ensemble : un disque est alors une toute autre construction qu’un concert, même si j’ai parfois gardé des prises qui m’ont a posteriori surpris !

A écouter : 

Frederic Chopin : Etudes, Op.10 & op.25 ; Berceuse, Op.57. Gwendal Giguelay, Piano. 1 CD BY.

 

 

Propos recueillis par Pierre-Jean Tribot

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