Hautbois et harpe : un mariage réussi !

par

Méditations
Oeuvres de Wagner, Donizetti, Schubert, Brod, Massenet, Pasculli, Godard, Honegger, Ibert
Céline Moinet, hautbois, cor anglais – Sarah Christ, harpe
2013 – DDD – 56'07'' - Texte de présentation en français, anglais et allemand -Harmonia mundi – HMC 902175

Souvent oubliés des studios d'enregistrement, la harpe comme le hautbois (et/ou cor anglais) sont au centre de cette nouvelle parution. L'auditeur pourrait s'inquiéter devant la durée totale ; il n'en est rien. Par le choix et la diversité des pièces, une complexité tant entre les instruments qu'entre les artistes se découvre ici. Diplômée du CNSM de Paris, la jeune Céline Moinet a déjà eu l'occasion de jouer avec les plus grands : Claudio Abbado, Christophe Eschenbach, Matthias Goerne ou encore Andreas Haefliger. Professeur à la Hochschule de Dresde, elle est accompagnée par Sarah Christ, harpiste ayant l'habitude de jouer tant en soliste qu'au sein des orchestres. Invitée pour des master-classes, elle travaille aussi avec des artistes incontournables (Abbado, Matthias Goerne, Emmanuel Pahud...). C'est sur le thème de l'opéra qu'ont choisi de travailler ces deux artistes. Du célèbre Andante sostenuto expressif de Donizetti aux Fantaisies et hommages à Bellini, cette parution est originale par la place qui est faite aux extraits de Tannhäuser et Tristan und Isolde de Wagner ainsi qu'à des pièces moins populaires telles qu'Antigone de Honegger ou la Berceuse d'après l'opéra Jocelyn de Henri Brod. Accompagnement délicat et doux pour la harpe et virtuosité admirable pour les passages rapides. La palette de couleurs et dynamiques de cet instrument est impressionnante, notamment lors des introductions (Omagio a Bellini) et des parties solistes. Dans la première pièce de Pasculli, le son plus nasillard du cor anglais est apprécié tandis qu'un certain nombre de références harmoniques et rythmiques à Bellini se perçoivent aisément. Son très pur aux nuances idéales pour l'Andante d'après Die Zauberhafe de Schubert. Comme pour l'Entr'acte de Jacques Ibert, pièce la plus dynamique de ce disque, belle homogénéité des voix qui se mêlent avec simplicité. Le hautbois se permet des inflexions mélodiques que la harpe saisit et développe à son tour. Très curieusement, la Méditation de Thaïs retient toute notre attention. Pièce connue à travers le monde sous des arrangements parfois curieux, le couple hautbois/harpe semble lui convenir à merveille, peut-être mieux que la version originale. Les phrasés doux et soutenus du hautbois s'imprègnent du chant et traduisent toute l'émotion qu'offre cette œuvre. Contraste saisissant avec l'extrait d'Antigone d'Honegger. Accents dynamiques et dissonances récurrentes trouvent leur place au sein de cette formations. Wagner est aussi à l'honneur avec son très beau « O du mein holder Abendstern », lyrique, saisissant et coloré face à un solo très réussi de cor anglais pour la « Mélodie du berger » de Tristan.
Pari réussi pour Harmonia Mundi qui prend le risque ici d'aborder un répertoire et une formation musicale peu usités dans le monde de la musique. Accompagné d'une brochure explicative de qualité, l'enregistrement bénéficie d'une acoustique exceptionnelle, pas trop réverbérante. Si le titre, « Méditations » nous a inquiété car trop souvent utilisé pour des enregistrements de moins bonne qualité, il confère à cette parution un caractère plaisant et savoureux.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Répertoire 10 – Livret 10 – Interprétation 10

 

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