Hommage grandiose à l'art de Sir Colin Davis

par

Sir Colin DAVIS (direction) : Oeuvres de Elgar, Berlioz, Mendelssohn, Sibelius, Schubert et Brahms
Staatskapelle Dresden
1988-2003-DDD-375'-Textes de présentation en allemand et anglais-Profil Günter Hänssler PH13032 (6 cd)

Simple compilation de parutions précédentes au sein d'une vaste anthologie consacrée à la Staatskapelle de Dresde, ce coffret de six disques se concentre sur les dernières années d'activité de Colin Davis qui vient de nous quitter le 15 avril dernier. Opportunisme facile afin de redonner vie à une série qui n'a peut-être pas eu tout le succès qu'elle méritait? Peut-être. Il n'empêche: il n'y a rien à jeter dans cette somptueuse sélection et sûrement pas l'extraordinaire 1ère symphonie de Elgar de 1998 qui ouvre le bal. L'opulence un peu lourde de la Staatskapelle s'adapte parfaitement à l'univers étrange de cette oeuvre qui déconcerte toujours aujourd'hui par certains de ses aspects. Colin Davis, à l'instar de sa gravure londonienne de 2001 mais dans des conditions techniques supérieures, nous la propose romantique en diable, vibrante, décomplexée, irrésistible et pourtant plus « british » que nature. Le premier CD est complété par les ouvertures de Béatrice et Bénédict et du Roi Lear de Berlioz que ce connaisseur incomparable de l'oeuvre du grand Français transfigure et magnifie avec un plaisir manifeste. Ce sont ensuite d'admirables Ecossaise et Réformation de Mendelssohn, à la fois denses, presque dramatiques par moments, toujours passionnées, d'un poids qui ne s'encombre jamais de lourdeur. Sibelius était un autre pôle vers lequel s'orientaient les goûts et le talent du chef anglais. La 2e symphonie qu'il gravait en 1988, raffinée et toute en souplesse, est peut-être la plus aboutie parmi celles qu'il nous a proposées, devant ses versions à Londres et Boston. En complément de ce troisième volume, nous entendons un électrisant En Saga et un Luonnotar de grande tenue même si la voix, parfois gênée dans les aigus, de Ute Selbig, ne peut faire oublier celle de Elisabeth Söderström (avec Vladimir Ashkenazy, Decca). Le CD suivant nous propose de très solides 8e de Schubert et 3e de Brahms et c'est sur les sommets que ce parcours s'achève, avec un Requiem de Berlioz inspiré de bout en bout, tandis qu'une toute dernière version de l'oeuvre, qui est également l'ultime enregistrement de Colin Davis en juin 2012, paraît parallèlement chez LSO Live. Tel quel, un hommage utile et très réussi à l'un des derniers grands de la direction d'orchestre.
Bernard Postiau
Son 9 - Livret 7 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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