La parfaite maîtrise de Mariss Jansons

par

Giuseppe VERDI (1813-1901)
Messa da Requiem
Krassimira STOYANOVA (soprano), Marina PRUDENSKAJA (Mezzosoprano), Saimir PIRGU (ténor), Orlin ANASTASSOV (bass), Choeur et Orchestre symphonique de la Radiodiffusion Bavaroise, dir.: Mariss JANSONS
2014-86' 23'' - DDD - Textes de présentation en allemand et anglais - chanté en latin - BR Classics 900126

On n'épuisera jamais la richesse des chefs-d'oeuvre : voici une troisième version récente du Requiem de Verdi, après celles de Barenboïm et de Jordan. Le chef letton, un des plus grands maîtres de la baguette d'aujourd'hui, réussit une belle performance, celle de concilier le côté théâtral, indiscutable, à l'aspect purement concertant : gageure difficile, que n'avaient réussi ni Barenboïm ni Jordan, contrairement à Pappano, dont l'enregistrement EMI était proche de l'idéal. Cette maîtrise apparaît dès le  Requiem/Kyrie initial, lent et recueilli, soudain illuminé par le ténor éclatant de Saimir Pirgu. La même alternance souveraine entre brillance et intériorité gouverne toute la longue séquence du Dies Irae, introduite par des choeurs et des cuivres en grande forme. Le ténor albanais délivre un Ingemisco pudique et l'union des deux chanteuses dans le Recordare s'avère idéale. Marina Prudenskaja ferait une excellente Amnéris à entendre son Liber scriptus. Nouvelle star de la distribution, la basse Orlin Anastassov éblouit dans Mors stupebit, et surtout dans un Oro supplex où l'on admire un legato digne de Ghiaurov. Le Lacrymosa, pris lentement, termine la Séquence avec beauté, et le tout dernier Dona eis requiem de la basse procure des frissons. Mariss Jansons poursuit sa trajectoire de maître équilibriste dans la seconde partie, oscillant entre le recueillement des Offertorio et Hostias (ici bien aidé par Pirgu) et la déflagration fuguée d'un Sanctus enlevé tutta forza. Le Libera me final est bien sûr dominé par la soprano Krassimira Stoyanova, à l'aisance souveraine, et dont la voix plane à merveille au-dessus des masses chorales. Un très beau moment. On remarque l'influence d'Aïda, dont la création précédait de peu celle de la messe (1871). En conclusion : le plus belle version de l'oeuvre depuis celle de Pappano. Elle mériterait un Joker, n’était l’indigence de la pochette, qui ne relate même pas la bio des chanteurs.
Bruno Peeters

Son 10 - Livret 8 - Répertoire 10 - Interprétation 10

Les commentaires sont clos.