Javier CAMARENA fait revivre Manuel Garcia et l’Opéra début XIXe

par

Contrabandista.  GARCIA, ZINGARELLI, ROSSINI. Javier Camarena, ténor ; Cecilia BARTOLI, mezzo-soprano. LES MUSICIENS du PRINCE-MONACO, direction Gianluca CAPUANO .2018- DDD- 71’15- présentation et textes en anglais, allemand, français- chanté en langue originale-DECCA mentored by Cecilia BARTOLI 4833958

Le ténor mexicain vient ici braconner sur des terres qu’il connaît parfaitement (Zingarelli, Rossini) mais s’aventure également -à l’occasion de cet enregistrement réalisé sous la houlette et avec la participation de Cecilia Bartoli (Armida)- du côté de Manuel Garcia (1775-1832). Né à Séville, homme de scène s’il en fut, ce « bary-ténor » partit à la conquête de l’Italie, de la France, de l’Angleterre, du Mexique en passant par New-York et engendra une famille aussi célèbre que talentueuse qui comptera notamment Manuel-fils, éminent professeur de chant, Maria Malibran, légende du belcanto romantique et Pauline Viardot qui régna sur la scène comme sur le cœur d’Ivan Tourgueniev. Cet irascible ami de Da Ponte, librettiste de Mozart, improvisait avec une incroyable facilité et composait de même. Ce qui nous vaut de découvrir une série d’airs représentatifs du style de la fin du XVIIIe et début du XIXqui sont de véritables premières au disque. Choisis parmi ceux qui conviennent à la tessiture du chanteur, ils ajoutent évidemment beaucoup à l’intérêt de cet enregistrement servi par l’impeccable vocalité, la diction aiguisée et l’interprétation fougueuse de Javier Camarena. S’il excelle chez Rossini, il prête, avec la même générosité, son engagement, sa musicalité, et son humour à ces airs méconnus.

On y décèle toutefois quelque chose d’assez familier -car baignées du style à la mode du temps. Ainsi de La Mort du Tasse et de Florestan ou le Conseil des dix qui s’inscrivent dans la droite ligne de la Vestale de Spontini tandis que les extraits d’ « El gitano por amor » et « El poeta calculista » se placent dans le sillage du Cygne de Pesaro. Le personnage cocasse et virtuose de poète-contrebandier est prétexte à des imitations de bègue, de vieillard, de dame qui pleurniche… et profusion de figures de haute voltige belcantistes. Javier Camarena y révèle une santé et un tempérament comique qui font flèche de tout bois dans un rapport idéal voix-solistes-orchestre. Ce dernier étant placé sous la souple direction de Gianluca Capuano. Une leçon d’esthétique de l’opéra à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles. Une interprétation brillante. Remarquable.

Bénédicte Palaux Simonnet

 

  

 

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