Jeu avec Brahms

par

Wolfgang RIHM (° 1952)
Symphonie Nähe Fern

Luzerner Sinfonieorchester, dir. : James GAFFIGAN
2013-DDD-47’ 35’’-Texte de présentation en français, anglais et allemand-Harmonia Mundi HMC 902153Compositeur des plus prolifiques, Wolfgang Rihm est sans conteste une des figures majeures de la musique contemporaine – une figure plurielle, qui plus est, car il a abordé presque tous les genres et, dans chacun d’entre eux, il s’est remarquablement illustré. Ici, c’est une symphonie, dont le nom allemand Nähe Fern peut se traduire par « proximité lointaine ». Ces mots, bien entendu, ne sont pas gratuits. En les utilisant, Wolfgang Rihm a voulu faire savoir que sa symphonie constitue une sorte de dialogue avec les quatre symphonies de Brahms, mais qu’en même temps, ce dialogue ne peut qu’être « lointain », compte tenu du fait que, de nos jours, il serait absurde d’imiter aveuglément le compositeur hambourgeois et de se conformer en tout point à son esthétique. En réalité, il y va d’un hommage, pour ne pas dire d’un exercice de sincère et fervente vénération, à travers laquelle Wolfgang Rihm rappelle que les symphonies de Brahms, considérées à l’époque de leur exécution par des personnalités telles que Liszt, Wagner ou encore Wolf comme rétrogrades, sont des plus riches et des plus innovantes, ainsi que devait le souligner Schoenberg, en 1933, dans une célèbre conférence intitulée « Brahms, le progressiste ». Dans certaines de ses déclarations, Wolfgang Rihm a du reste reconnu que, plus il avançait en âge, plus il aimait Brahms, plus il admirait dans ses pièces orchestrales « les lignes, le flux musical apparaissant comme quelque chose d’incroyablement organique », mais aussi de « très construit ». Et c’est bel et bien ce flux brahmsien qu’on retrouve dans cette œuvre divisée en cinq mouvements et que le chef d’orchestre américain James Gaffigan dirige de main de maître. Décidément, il y a du démiurge chez le boulimique et intarissable Wolfgang Rihm !
Jean-Baptiste Baronian

Son 9 - Livret 9 - Répertoire 8 - Interprétation 9

 

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