Khatia Buniatishvili en récital à Monte-Carlo

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Le public monégasque est venu en nombre pour ce récital de  Khatia Buniatishvili. Elle commence son concert avec le divin Prélude et fugue en la mineur BWV 543 de Bach dans la transcription de Liszt. C'est une grande architecture de cathédrale. La passion l'envahit et la pianiste ne peut cacher son immense joie en appuyant sur les touches. Elle enchaîne avec deux sonates de Beethoven : la n°23 '”Appassionata” et la n°17  “La Tempête". Deux sonates qu'elle met souvent à ses programmes, mais qui ne laissent pas de souvenir inoubliable. Les mouvements lents sont superbes, mais elle a tendance à se précipiter dans les mouvements rapides : c'est un Beethoven inachevé et inégal. Beethoven lui va moins bien que les œuvres qu'elle joue par la suite lors de son récital.

Gretchen am Spinnrade de Schubert dans la transcription de Liszt est un moment de grâce. Son interprétation est très personnelle, très émotionnelle, presque torturée. On imagine Gretchen dans le brouillard, au clair de lune, chantant plus avec son cœur qu'avec sa voix. Khatia Buniatishvili est peut-être la seule pianiste qui maintient la partie "pédale" du rouet en marche tout au long du morceau. Et à la fin, alors que cela s'achève, vous demandez. Est-ce qu'elle est en train de mourir ? Est-elle morte Ständchen, S. 560 (extrait de Schwanengesang No. 4, D. 957) également de Schubert dans la transcription de Liszt est un hymne à la beauté. C'est de la poésie pure, du toucher, du souffle, du phrasé, c'est une musique qui brille. Au-delà des doigts en or, la pianiste respire et ressent la musique et c'est ce qui fait qu'elle se l'approprie en y mettant toute sa douceur. L'artiste  est magnifique, splendide, cristalline, toujours capable de mieux que ce que l'on croyait dans l'instant précédent. Elle est capable de nous faire ressentir au plus profond de nous-mêmes ce que peut être le bonheur sur terre. 

Dans Consolation S172 n°3 de Liszt, la musicienne nous envoûte avec une profonde émotion. Une magnifique consolation dans ces temps si difficiles. La Rhapsodie hongroise n°6 de Liszt est enlevée avec brio et vivacité. Son jeu est si naturel, que c'est comme si elle improvisait à la manière gitane ; sans parler de la beauté de son son et que dire de ses octaves... Son accélération à la fin est fantastique.

Khatia Buniatishvili. donne immédiatement un bis. Le superbe “Adagio” du Concerto en ré mineur de Bach/Marcello. Elle nous comble avec son toucher exceptionnel, son plaisir de jouer du piano, son amour de la musique et bien entendu son charme. Nous vivons des moments en apesanteur avec cette prodigieuse diva du piano. Elle se fait prier et après une pluie d'applaudissements joue la Rhapsodie hongroise n°2 de Liszt dans un arrangement de Vladimir Horowitz. C'est époustouflant, une performance fascinante, on craint que le piano ne prenne feu. Pour terminer, elle enchaîne avec La Javanaise de Serge Gainsbourg.

 Monte-Carlo, Grimaldi Forum, Jeudi 27 juin  

Carlo Screiber

Crédits photographiques : Esther Haase

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