A l’OSR, Christoph Koncz : un chef à suivre

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Le mercredi 18 novembre, le Victoria Hall de Genève accueillait le Concert d’automne des amis de l’OSR. Donnée à huis clos mais avec une quinzaine d’invités (dont votre serviteur) dans les loges latérales et diffusée simultanément en streaming, la manifestation sollicitait le concours de la pianiste Khatia Buniatishvili et d’un maestro autrichien de trente-et-un ans, Christoph Koncz, encore actuellement chef de pupitre des seconds violons des Wiener Philharmoniker mais qui, depuis le Festival de Salzbourg 2013, consacre la plus grande part de son activité à la direction.

En première partie de programme, le célèbre Premier Concerto en si bémol mineur op.23 de Piotr Ilytch Tchaikovsky dont Khatia Buniatishvili est la soliste. Profitant du grandiose ronflant imposé au motif initial par une baguette soucieuse de cohésion, elle resserre l’enchaînement des accords pour faire valoir d’emblée une technique époustouflante où, dès les premiers traits, les octaves déferlent aussi rapidement que les arpèges ascendants de quadruples croches. L’Allegro con spirito médian tourne au presto vrombissant auquel répond un Poco meno mosso à fleur de clavier frisant l’affectation. Cette volonté de contraster à l’extrême chaque séquence prive le discours de sa continuité en rendant le jeu maniéré, ce que mettra en évidence la cadenza avec ses alanguissements exagérés. L’Andantino semplice fait bien meilleure figure avec ce cantabile perlé développé sous une véritable ligne qui s’émiettera en un prestissimo volatile éblouissant. L’Allegro final est proprement con fuoco, en s’emballant sans prêter attention aux quelques motifs suggérés par les bois et en perdant de vue le fil mélodique. Démonstration de virtuosité effarante, certes ! Une collègue journaliste me glisse à l’oreille : « C’est un style ». En est-ce un, vraiment ?

Par contre, en seconde partie, la Deuxième Symphonie en ré majeur op.73 de Brahms impressionne davantage grâce au jeune Christian Koncz qui architecture l’Allegro non troppo en déployant le legato des cors sur le chant généreux des violoncelles ; puis des longues phrases des premiers violons, il fait sourdre cette ductilité qui allège le développement. L’Adagio non troppo ‘avance’ comme un andante qui canalise le flux mélodique en une ligne qu’irisent les bois, alors que l’Allegretto grazioso tient du scherzo bondissant grâce aux accents, quitte à fragmenter les diverses sections. Le Finale serpente avec les cordes avant de se laisser gagner par une énergie débordante qui va à l’essentiel, tout en permettant aux bois et cors d’édulcorer le propos puis d’amener une conclusion brillante par une stretta échevelée. Un chef à suivre !        

Paul-André Demierre

Genève, Victoria Hall, le 18 novembre 2020

Crédits phorographiques : Benjamin Morrison

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