La famille Bach, kaléidoscope pour la trompette

par

Johann Sebastian Bach
(1695-1750)
J.S. Bach and his family, a Bach notebook for trumpet
Jonathan Freeman-Attwood, trompette
Daniel-Ben Pienaar, piano
DSD - CKD 418 - 72'50''- Livret de présentation en anglais-Linn records

Le trompettiste Jonathan, Freeman-Attwood n'est pas le premier venu. Il est depuis 2008 le directeur de la célèbre Royal Academy of Music de Londres. Musicien reconnu, ses divers enregistrements ont déjà été récompensés par de nombreux prix dont notamment des Diapasons d'or et huit Gramophone Awards. Pour ce disque, il s'associe avec le pianiste sud-africain Daniel-Ben, Pienaar. Diplômé de Londres, il est connu pour l'intégrale des sonates de Mozart ainsi que des enregistrements et récital consacré au Clavier Bien Tempéré et aux Variations Goldberg. Il est l'auteur des arrangements que nous pouvons entendre sur ce disque. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : réunir onze membres de la famille Bach pour un récital de trompette moderne accompagnée par un piano. Les deux musiciens citent d'ailleurs Busoni et Liszt pour illustrer leur démarche et cette relecture de pages musicales s'étalant de 1615 à 1795. Et à la manière de Busoni, ils assument le fait d'y introduire des couleurs « romantiques » tels une pédalisation généreuse et des rubati. La sonorité de Freeman-Attwood est toujours ample, brillante et bien timbrée. En quelque sorte, cette musique des 17ème et 18ème siècles est revue par le prisme de musiciens du 20e siècle et elle est jouée avec toutes les possibilités offertes par les instruments modernes. Les onze Bach présents sont donc Johann Sebastian (1695-1750) et ses fils Wilhelm Friedmann (1710-1784), Carl Philipp Emmanuel (1714-1788), Gottfried Heinrich (1724-1761), Johann Christoph Friedrich (1732-1795) et Johann Christian (1735-1782) mais aussi des cousins plus ou moins éloignés : Johann Christoph Bach (1642-1703), Johann Michael (1648-1694), Johann Bernhard (1676-1749) et Johann Ludwig (1677-1731) et enfin l'oncle Heinrich (1615-1692). Ce kaléidoscope de la famille Bach s'attaque à tous les genres, ouverture symphonique, prélude et fugue pour orgue ou clavier, suite orchestrale, concerto italien, canzona baroque et le piano galant du 18ème siècle. Les arrangements sont pour la plupart convaincants et Pienaar donne une ampleur et des couleurs donnant au piano une dimension orchestrale. Il nous surprend parfois comme dans La Joye tirée de la Quatrième Suite de Johann Bernhard Bach où il exploite l'extrême grave de son instrument. Par contre, l'arrangement de l'aria « Ach, wie sehnlich wart ich der Zeit » de Johann Michael Bach nous fait presque regretter l'original dont on a perdu l'atmosphère par un tempo un peu trop rapide et un rendu du rythme qui en fait presque un air de bravoure.
Quoi qu'on puisse en penser, Freeman-Attwood prouve à nouveau son excellence mais on comprendra que ces cahiers de la famille Bach ne fassent pas l'unanimité chez les puristes et les amoureux du Baroque pour ravir plutôt les amoureux de la Trompette !
Michel Lambert

Son 9 - Livret 6 - Répertoire 9 - Interprétation 8

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