La Vida Breve en duo
Enrique Granados (1867-1916) : « Intermezzo » (Goyescas) – « Oriental » (Danzas espanolas)
Manuel De Falla (1876-1946) : Siete Canciones Populares Espanolas – La vida breve
Maurice Ravel (1875-1937) : Pièce en forme de Habanera
Gaspar Cassado (1897-1966) : Requiebros
Egberto Gismonti (1947) : Agua e Vinho
Astor Piazzolla (1921-1992) : Libertango – Nightclub – Oblivion
Sergio Assad (1952) : Menino
Carlos Gardel (1890-1935) : Volver
Agustin Lara (1897-1970) : Granada
2014-SACD-63’12-Textes de présentation en anglais et allemand- Ars Produktion-ARS 38 159
La Vida Breve, d’après l’opéra de Manuel de Falla, est un projet surprenant démarré en 2011 : Rafael Aguirre envisage de créer un ensemble de musique de chambre et rencontre Nadège Rochat, fascinée quant à elle par les musiques espagnoles et latino-américaines. Si le violoncelle croise souvent la route des studios d’enregistrements, la guitare ne jouit pas, comme la harpe, de sa juste reconnaissance : instrument riche, aux couleurs infinies et expressives. Neuf compositeurs se côtoient sur ce disque. De Granados à Carlos Gardel en passant par Ravel, l’auditeur découvre un monde chaleureux, dynamique ou au contraire apaisant. La pièce maitresse du disque est sans nul doute le recueil des Sept chansons populaires espagnoles de Manuel De Falla. Ecrites en 1914, De Falla y développe, à l’image de Kodaly, Bartok,… un travail conséquent sur le caractère populaire grâce à des rythmes et motifs dans l’esprit et l’influence espagnole.
Pour preuve, la totalité des pièces enregistrées sont arrangées par les deux artistes et Burstein. De fait, les musiciens sont au cœur de la musique, la saisissent peut-être plus facilement et accentuent sans exagération certains traits et motifs caractéristiques. Belles transcriptions, efficaces, où le caractère de chaque œuvre originale n’est à aucun moment effacé. La difficulté de ce duo réside certainement dans la place que doit prendre le violoncelle ici. Expressif, il se fond à merveille avec l’aspect plus rythmique de la guitare. Il chante et s’approprie très vite le caractère virtuose et rythmé de cette musique. Dialogue intéressant, mature, contrastes captivants et belle mise en perspective de la guitare. Voici donc un disque singulier, où deux artistes d’origines musicales différentes s’associent pour offrir à l’auditeur une autre version de pièces populaires et plus classiques. Un pari risqué, pas si surprenant, relevé haut les mains.
Ayrton Desimpelaere
Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 9