Le Beethoven du futur ? 

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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate pour orchestre en Ut mineur Op.30, No2b (Arr. Garrett Schumann et Yaniv Segal) ; A Fidelio Symphony (arr. Yaniv Segal) ; Gabriel Prokofiev (né en 1975) : Beethoven9 Symphonic Remix. Gabriel Prokofiev, électronique ; BBC National Orchestra of Wales, Yaniv Segal. 2018-Livret en anglais-81’57. Naxos. 8.574020. 

Se faire remarquer dans un contexte difficile et pléthorique est une gageure en nos temps contemporains, en particulier pour les chefs d’orchestres qui risquent de se marginaliser dans des répertoires de marge ou de se confronter à des monuments de l’interprétation dans des illustres chefs d’oeuvre. Le chef d’orchestre Yaniv Segal tente une voie médiane et sur le papier fort bien pensée : proposer un regard nouveau sur Beethoven en cette année anniversaire. 

Pas de tubes beethovéniens au programme mais une première partie concentrée sur des orchestrations et des arrangements contemporains ! Cette pratique peut choquer nos oreilles habituées aux Urtext rigoureux mais n’oublions pas que l’arrangement symphonique fut une constante de 1850 à 1950 et certains maestros comme Leopold Stokowski en firent un concept des plus personnels. Pour ce faire, Yaniv Segal et son compère Garrett Schumann présentent un arrangement de la Sonate pour violon et orchestre n°7 renommée Sonate pour orchestre car l’instrument soliste a complètement disparu. Le résultat est peu convainquant et sonne comme une tentative scolaire d’un jeune compositeur en recherche d’un style. La direction est par ailleurs trop précautionneuse et prudente. Autre expérience instrumentale : A Fidelio Symphony, arrangement personnel de l’unique opéra du Grand sourd ! Les parties vocales sont ainsi directement intégrées à la masse des pupitres et la partition reprend les grands moments dramatiques de Fidelio. Hélas, le résultat peine à nous convaincre en dépit du brio technique, geste au final assez gratuit. 

Phénomène médiatique dans le monde anglo-saxon, Gabriel Prokofiev, petit-fils du célèbre compositeur, s’est fait un nom dans la musique électronique tout en capitalisant sur la symbolique de son patronyme et le contraste entre les domaines d’activités de son aïeul et les siennes. Son Concerto pour platines et orchestre lui valut une certaine renommée à l’orée des années 2010. Il nous propose ici, depuis ses pupitres électroniques, un remix du final de Symphonie n°9 qui tente de fusionner le message beethovenien dans un agrégat néo-funky-groove. Au risque de décevoir les thuriféraires de la modernité et de l’absolue nécessité d’actualiser la musique classique, le résultat est absolument consternant ! Cette guimauve est indigeste, juste du bruit mal orchestré ! 

Si le pitch semblait attractif, le résultat est hélas bien décevant d’autant plus que le son n’est pas des plus flatteurs. 

Son : 5 – Livret : 6 – Répertoire : 2 – Interprétation : 3 

 

 

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