Renée Fleming interprète Brahms, Schumann et Mahler

par

BRAHMS, SCHUMANN, MAHLER, Renée FLEMING, soprano ; Hartmut HOLL, piano ; MUNCHER PHILHARMONIKER, Christian THIELEMANN, direction.  2010 (Mahler)-2017 (Brahms et Schumann)-60’21-présentation et textes en anglais, français, allemand-chanté en allemand-DECCA 483 23 25

La radieuse carrière sur scène de Renée Fleming est bien connue depuis son apparition miraculeuse en Comtesse des Noces de Figaro jusqu’à la plénitude crépusculaire du Post-romantisme allemand. Désormais, la soprano américaine se divertit, notamment avec l’opérette, et enrichit chaque année son catalogue discographique. Les Lieder présentés ici regroupent un choix de huit opus de Brahms parmi les plus connus et le cycle schumannien Frauenliebe und Leben opus 42 couronnés par les admirables Rückert Lieder de Gustav Mahler, en version orchestrée.

 Dans la première partie, le pianiste Hartmunt Höll, qui aime et connaît intimement ce répertoire, insuffle à des pages tellement célèbres une expressivité, une dynamique et une poésie musicale qui en rehaussent l’intérêt à chaque instant.

Si Wiegenlied (Berceuse) s’alanguit de quelques soufflets et si Ständchen (Sérénade) comme Lerchergesang (Chant de l’alouette) paraissent empreints d’une touche de sophistication, c’est un délicat lyrisme qui s’impose peu à peu (Mondnacht) pour culminer en une Nuit de mai (Die Mainacht) aussi passionnée que caressante et lumineuse. L’actrice revient souvent au-devant de la scène (Des Liebsten Schwur, «Le Serment du bien-aimé» et s’amuse de l’insolence d’une belle à son balcon (Vergebliches Ständchen,« La Sérénade inutile»). Elle n’oublie pas pour autant l’élégance (Da unten im Tale) ni l’excellence de la diction fondue dans un legato arasant toute aspérité.

Les mêmes qualités de délicatesse et de légèreté font merveille ensuite chez Schumann, particulièrement dans l’éloge de la joie maternelle célébrée par le sixième lied de L’Amour et la Vie d’une femme. On comprend que Renée Fleming ait souhaité revenir à ce cycle abordé lors de ses études et en graver son interprétation. La richesse des couleurs, la versatilité des climats, les accents ciselés lui prêtent une opulence là où d’autres ont privilégié la simplicité et la tension intérieure. Une version extravertie donc (Ich kann’s nicht fassen animé plus que nécessaire, Du Ring avec un ritardendo final étiré à l’extrême, Nun hast du mir Adieu quasi opératique), travaillée, chaleureuse à l’image de la cantatrice.

 Les cinq Rückert Lieder de Mahler dans leur version orchestrale -à l’exception de Liebst du um Schönheit « Si tu aimes pour la beauté » orchestré par Max Puttmann et placé en seconde position afin de conclure avec le chef d’œuvre Ich bin der Welt abhanden gekommen « Loin du monde...je vis seul dans mon ciel, dans mon amour, dans mon chant »- sont confiés au fastueux Müncher Philharmoniker sous la direction de Christian Thielemann. Ils ont été enregistrés en 2010, sept ans avant la première partie, alors que la soprano venait de fêter son cinquantième anniversaire. Les moirures du timbre, l’extraordinaire longueur et douceur du phrasé épousent instantanément les couleurs orchestrales si caractéristiques de l’auteur du Chant de la terre. En présence de cette fusion parfaitement naturelle, devant tant d’évidente beauté, le commentaire cède la place à l’admiration et l’émerveillement.

Son : 10- Livret : 10-Répertoire : 10-Interprétation : 10

Bénédicte Palaux Simonnet

 

 

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