Le BNO fête la musique avec un programme étonnant
À l’occasion de la Fête de la musique, le Belgian National Orchestra nous a proposé un programme très étonnant en ce vendredi 21 juin. Dirigé par le chef d’orchestre américain Joshua Weilerstein et rejoint par le violoncelliste Yibai Chen, l’orchestre bruxellois nous a offert une belle soirée de fête.
Pour débuter ce concert, nous avons entendu le Concert Românesc de György Ligeti. Oeuvre de jeunesse du compositeur hongrois, elle diffère grandement du style moderniste du Ligeti mature, bien que certaines idées fassent déjà leur chemin dans cette composition. Inspirée des musiques tsiganes et du folklore Roumain, cette pièce prend naissance dans l'expérience qu’il a récoltée lors de ses études en Roumanie à l’Institut du Folklore de Bucarest entre 1949 et 1950 et dans son admiration pour Bartók. Comprenant quatre mouvements, cette pièce bouillonnante d’énergie fut une très belle entrée en matière pour l’orchestre belge. De magnifiques couleurs furent déployées par les musiciens, notamment dans le piano vrombissant au début de la quatrième partie ou encore dans les dialogues entre les deux cors solistes, l’un sur scène, l’autre en coulisses. Il est toutefois dommage que certaines fragilités soient apparues dans le jeu des deux cornistes, notamment au niveau de la justesse. Nous pouvons également saluer la virtuosité et l’engagement de la konzertmeister qui a parfaitement répondu à l’orchestre, en égalant ses nuances et sa puissance.
Pour poursuivre et clôturer cette première partie, nous avons pu entendre la création mondiale du concerto pour violoncelle et orchestre Sehnsucht du compositeur tongrois Piet Swerts. Inspirée de cinq photographies de l’artiste belge Marie-Jo Lafontaine, l'œuvre a été interprétée par Yibai Chen, deuxième prix du Concours Reine Élisabeth en juin 2022. Le jeune violoncelliste chinois impressionne toujours par sa virtuosité et son aisance. Ses graves poignants ont énormément joué dans la réussite de cette création. Si ce n’est un problème de balance dans les premiers et troisièmes mouvements, le BNO a parfaitement mis en valeur cette nouvelle composition belge. Le deuxième mouvement, Liebestraum, fut d’ailleurs le plus beau moment de la soirée.
C’est avec une légère déception que nous n’avons pas entendu de bis de Yibai Chen, bien que cela s’explique par sa présence au sein de l’orchestre pour la deuxième partie.
Cette deuxième partie fut consacrée au monument qu’est la Cinquième Symphonie de Ludwig van Beethoven. Interpréter cette œuvre est toujours un pari. Oeuvre la plus connue de la musique “savante”, il est facile de décevoir, comme il est facile de plaire. L’orchestre bruxellois et Joshua Weilerstein ont quelque peu manqué leur entrée dans la pièce en manquant de masse et de respiration. Malgré ce début quelque peu désarçonnant, ils se sont parfaitement rattrapés en nous offrant un quatrième mouvement tout bonnement exceptionnel, laissant un sentiment de profond triomphe dans le cœur de chaque auditeur.
Bozar, le vendredi 21 juin 2024.
Alex Quitin, Reporter de l’IMEP.
Crédits photographiques : Paul Marc Mitchel