Le Mayr sacré vaut tout à fait le Mayr dramatique
Johann Simon MAYR
(1763 - 1845)
Messe en ut - Stabat Mater
K. Stuber (soprano), M. Eckstein (alto), F. Guimaraes (ténor), T. Nazmi (basse), Orpheus Vokalensemble, Concerto Köln, dir.: Florian HELGATH
2017-72' 51''-Texte de présentation en allemand et en anglais-chanté en latin-Carus 83.480
Mayr, né à Ingolstadt, entre Nuremberg et Munich, étudia en Italie, puis se fixa définitivement à Bergame en1802. Du coup, il modifia son prénom en Giovanni Simone, sous lequel il est connu de nos jours. Il fut le maître d'un autre grand bergamasque, Gaetano Donizetti. Auteur de plus d'une soixantaine d'opéras, il est aussi l'auteur d'une très abondante production de musique sacrée. C'est lui qui, en 1809,dirigea la première exécution italienne de La Création de Haydn. Naxos avait déjà révélé son beau Requiem de 1820, enregistré sous la direction de son farouche défenseur, le musicologue Franz Hauk, qui cette fois, ne dirige pas, mais rédige l'intéressante notice. Le Stabat Mater de 1803 est écrit pour 4 solistes, choeurs, cordes, deux hautbois, deux cors et orgue. L'Eja mater, assez long, est un magnifique solo de soprano (Katja Stuber), accompagné d'un violon obligé (Emilion Percan). Et quelle belle phrase que ce "cordi meo valide" chanté sur une longue tenue de cordes ! Le hautbois, lui se distingue dans le Qui es homo. Beau solo de l'alto Marion Eckstein dans le Fac me tecum, mais baisse de tension avec le Christe de la basse Tareq Nazmi, à l'ambitus trop faible, et qui tombe à plat. L'oeuvre se termine par une belle fugue sur l'Amen, conventionnelle peut-être, mais bien écrite. La Messe en ut, de 1826, est avant tout chorale, les solistes ayant peu à faire. On y mentionnera un Quoniam lancé par la soprano de manière très lyrique, un très bel Et incarnatus est avec violon solo, qui prépare admirablement l'Et resurrexit. Un autre beau moment est le Sanctus, pour une fois très simple. L'Hosanna, duo bien ressenti, est suivi par un important solo de clarinette qui prélude à l'Agnus Dei. La messe conclut doucement, après un superbe Dona nobis pacem aux modulations étudiées.
Le Guide Fayard sur l'Opéra disait à propos de Mayr : "De souffle un peu court, il est l'exemple même d'un talent extrême auquel fit défaut la force du génie véritable". Cela reste vrai, mais cela ne doit pas empêcher la découverte de ces pages sacrées remarquables.
Bruno Peeters
Son 10 - Livret 10- Répertpoire 8 - Interpréation 10