Le Van Baerle Trio enchante dans Beethoven

par
Van Baerle

Ludwig VAN BEETHOVEN
(1770 - 1827)
Trios à clavier en mi majeur, op. 1 n° 1, en ut mineur, op. 1 n°3, en si bémol op.11
Van Baerle Trio : Hannes Minnaar (piano), Maria Milstein (violon), Gideon den Herder (violoncelle)
2017 - DDD- 79’50- Textes de présentation en anglais, allemand, néerlandais- Challenge Classics CC72765

Le pianiste néerlandais Hannes Minnaar (dont je n’ai jamais hésité à dire tout le bien que je pense) revient dans cet enregistrement à Beethoven, mais cette fois-ci non plus en soliste mais en tant que primus inter pares dans ces merveilleux Trios à clavier du jeune Beethoven, entouré des partenaires de choix que sont la violoniste Maria Milstein et le violoncelliste Gideon den Herder avec qui il forme le Van Baerle Trio. (Pour ceux qui se demanderaient qui se cache derrière cette appellation, c’est tout simplement le nom de la rue qui abrite le Conservatoire d’Amsterdam où les musiciens se sont connus au cours de leurs études.)
Ces interprètes trentenaires rendent à merveille l’esprit de ces oeuvres avec lequel le jeune compositeur s’apprêtait conquérir les mélomanes viennois et qu’il jugea dignes de porter son premier numéro d’opus, et tout au long de l’enregistrement, on ne cesse d’être émerveillé par la fraîcheur, le plaisir et le sens de la découverte qui font le prix de cette excellente interprétation. On sait à quel point l’équilibre entre piano et cordes peut être difficile à accomplir avec les pianos de concert modernes, monstres de puissance qui n’ont plus grand-chose à voir avec les instruments de la fin du 18ème siècle qui vit naître ces oeuvres. Frappé par la beauté de timbre et la transparence inhabituelle de l’instrument utilisé par Minnaar, on jette un coup d’oeil au livret et là on découvre que le pianiste utilise un magnifique piano à cordes parallèles construit par le facteur belge Chris Maene en 2017, un fabuleux instrument qui se marie sans peine aux cordes sans jamais les écraser. Il convient d’ajouter ici que le toucher perlé et aérien du pianiste, à qui le jeune Beethoven confie la partie sans conteste la plus virtuose de ces partitions, est un véritable régal, alors que la délicate et imaginative violoniste et le violoncelliste à la technique solide et la fine musicalité sont des partenaires tout à fait à la hauteur.
A tout moment, on admire tout autant le jeune Beethoven -déjà occupé à poser les premiers jalons d’une carrière bientôt révolutionnaire- que ses subtils interprètes qui marient une parfaite maîtrise instrumentale à une interprétation fraîche et juvénile où chaque mouvement, chaque phrase, chaque note presque est marquée par le plaisir de la découverte et de l’émerveillement devant cette musique déjà si originale et annonciatrice de grandes choses à venir, comme dans l’éloquence de l’Andante cantabile con variazioni ou la profondeur inattendue du Menuet du Trio en ut mineur. On entend généralement le Trio op. 11 dans sa version pour piano, clarinette et violoncelle: Maria Milstein saisit toutes les occasions qui permettent ici au violon (remplaçant la clarinette) de se mettre en évidence, et le fait avec un sens du style remarquable, alors que le violoncelliste met lui aussi à profit toutes les possibilités qui lui sont offertes de faire chanter son instrument, comme dans l’Adagio où son lyrisme aisé impressionne.
Patrice Lieberman

Son 10 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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