Pour la plus grande gloire de Mondonville

par

0126_JOKERJean-Joseph CASSANEA de MONDONVILLE
(1711-1772)
Grands motets : De Profundis - Magnus Dominus - Nisi Dominus - Cantate Domino
Chantal Santon-Jeffery, Daniela Skorka (sopranos), Mathias Vidal, Jeffrey Thompson (ténors), Alain Buet (basse), Purcell Choir, Orfeo Orchestra, dir.: György VASHEGYI
2016-43' 20'' et 52' 47''- textes de présentation en anglais, français et allemand-chanté en latin-textes inclus-Glossa GCD 923508
Interprètes hongrois, éditeur espagnol, made in Austria, producteurs français (Centre de musique baroque de Versailles) : voilà un joli exemple de collaboration européenne à la gloire d'un des plus grands musiciens français du XVIIIe siècle ! Mondonville, d'une génération après Rameau, représente la musique française à l'apogée du classicisme, avec une dernière touche, peut-être nostalgique, de baroque. Le compositeur a écrit pour tous les genres, de l'opéra à la sonate, en passant par le ballet, l'oratorio ou la musique religieuse. Celle-ci est dominée par le "grand motet", développé depuis Lully et solidement établi par Dumont, Delalande ou Campra. Comme l'écrit le chef d'orchestre Louis Castelain dans la notice, les motets ont évolué "au profit d'une peinture générale d'images et de passions fortes, propres au psaume mis en musique". Ces peintures sont magistralement dépeintes dans les quatre motets de cette production, tous très variés. Récits, airs, duos et choeurs s'enchaînent ainsi avec un plaisir infini pour l'auditeur, et chacun recèle des merveilles d'inventivité et de trouvailles mélodiques. Ecoutez, par exemple, le superbe air avec choeur Et ipse redimet Israël du “De Profundis” (1748), ou le puissant choeur final du “Magnus Dominus” (1734). Plus riche encore se révèle le "Nisi Dominus" de 1743 qui inclut un bel air de ténor avec basson obligé, un saisissant choeur Sicut sagittae, illustrant le trajet des flèches, et un vigoureux air de basse avec choeur, à la curieuse écriture hachée. Le quatrième et dernier motet, "Cantate Domino", est plus long et semble n'avoir pas recueilli beaucoup de succès lors de sa création au Concert Spirituel en 1742. Il contient pourtant bon nombre de numéros superbes, dès le grand choeur initial. Quelle belle mélodie, par exemple, que l'Adorate et invocate pour haute-contre ! Mais le passage le plus étonnant est certainement le trio Ad alligandos Reges avec son impitoyable et très moderne ostinato aux cordes. Cette belle oeuvre conclut par un duo avec choeur de grande allure. L'interprétation est hors pair, et on ne sait qui féliciter, du chef, des choeurs ou des cinq solistes vocaux, tous exaltants, se consacrant à la découverte de ces magnifiques motets. Voici une parution absolument exemplaire et qui démontre l'immense talent de compositeur de Mondonville. Deux CD à marquer d'une croix blanche, en attendant le premier enregistrement mondial de l'opéra Isbé.
Bruno Peeters

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