L’école française des vents à travers le temps 

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Charles Gounod (1818-1893) : Petite symphonie ; Vincent d’Indy (1851-1931) : Chansons et danses, Op.50 ; Paul Taffanel (1844-1908) : Quintette en sol mineur ; Gabriel Pierné (1863-1937) : Pastorale, Op.14 n°1. 2021. Les Solistes de l’Orchestre de Paris.  Livret en français et anglais. 61’15’’. INDE163. 

Charles Gounod (1818-1893) : Petite symphonie ; Vincent d’Indy (1851-1931) : Chansons et danses, Op.50. Les solistes de l’Orchestre de Paris, Maurice Bourgue. 1975. Calliope 22106. 

Indésens & Calliope Records nous propose un saut à travers le temps avec deux enregistrements des solistes des pupitres de vents de l’Orchestre de Paris captés à 46 ans d'intervalle. Ainsi, dans la Petite symphonie de Charles Gounod et Chansons et Danses de Vincent d’Indy, deux générations de musiciens se confrontent au fil de ce presque demi-siècle. 

En 1975, c’est la génération des fondateurs de l’Orchestre de Paris qui fait briller ces deux partitions pour cette réédition d'un album vinyle qui reste l'un des classiques de l’art interprétatif de la musique de chambre pour vents. On note un son encore très typé français à la fois fruité et un peu vert d’effets, une esthétique sonore abrasive mais colorée qui sert parfaitement la gouaille de ces œuvres où mélodies et rythmes dialoguent entre les pupitres. Les musiciens font de ces partitions des saynètes contrastées et bigarrées. On note la qualité d’écoute mutuelle et le sens de la respiration à la fois digne de la musique de chambre, mais symphonique d’ampleur : du grand art musical. 

En 2021, le son a complètement changé : le fini instrumental est plus rond, plus léché et plus "international". On garde la même écoute mutuelle, mais la vaste palette des nuances remplace un peu le ton gouailleur des aînés. C’est indubitablement plus intellectuel avec un plus grand contrôle des  couleurs. Rythmiquement et stylistiquement, c’est évidemment exemplaire car on sait les pupitres de vents de l’Orchestre de Paris parmi les plus fabuleux du monde. Le ton dansant est bien présent mais le rendu est plus savant tout en étant finement racé. On passe d’un impressionnisme évocateur et éclatant à la pureté naturaliste d’un Corot.  En complément, les Solistes de l'Orchestre ajoutent le superbe Quintette en sol majeur de Paul Taffanel, une partition de démonstration tant techniquement que musicalement. Pour clôturer ce disque, Philippe Berrod a réalisé un arrangement de la Pastorale de Gabriel Pierné.   

Cette confrontation musicale est une excellente idée qui permet de se rendre compte de l’évolution du jeu instrumental de l’école française. Il est difficile de dire lequel de ces albums on préfère, c’est comme se retrouver face à des grands crus dont chacun à sa spécificité et son ADN de terroir. Mais ces deux disques sont de grands moments de musique au service d’un répertoire que l’on ne cesse d’adorer. 

Note globale : 10

Pierre-Jean Tribot

 

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