Les cordes de l'Espagne

par

© Josep Molina

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Quatuor à cordes en sol majeur KV 80
Enrique Granados (1867-1916) : Pequeña Romanza
Maurice Ravel (1875-1937) : Quatuor à cordes
Dimitri Chostakovich (1906-1975) : Quatuor à cordes n°4 op. 83
Cuarteto Casals

Parce que cette formation est un terrain d'expérimentation idéal, chaque quatuor à cordes développe un son unique, reconnaissable entre mille. Le Cuarteto Casals, ensemble formé à Madrid en 1997, est sans doute, à ce niveau, l'un des plus atypiques. Que de sons, que de couleurs ! Certes, leur Mozart souffrait d'une certaine lourdeur d'archet, peu recommandée dans ce genre de musique ; l'ensemble restait malgré tout d'une belle tenue. Mais à partir de la Pequeña Romanza de Granados, compositeur d'origine catalane, on commençait à entendre des sonorités rondes et rugueuses à la fois, cuivrées, ensoleillées. Cette couleur typiquement espagnole, on la retrouve dans l'unique quatuor de Ravel, magnifié par une interprétation vigoureuse et sensible, loin de la mièvrerie qu'on lui prête souvent. On remarquait alors la présence de tout un folklore, réel ou imaginé, qui sous-tend cette musique sans être directement énoncé. Enfin le 4ème quatuor de Chostakovich, solidement construit, était abordé avec la richesse de son qui lui convient : on croyait entendre tantôt une clarinette aérienne, tantôt une fanfare de cuivres... Peut-être manquait-il une certaine énergie rythmique, en raison d'un rubato souvent présent ; cependant la lecture des quatre musiciens restait inventive et spontanée, grâce à la grande marge de manœuvre laissée à chaque individualité. En bis, la polka du ballet L’Âge d'or de Chostakovich venait conclure avec un humour... plutôt grinçant !
Quentin Mourier
Bruxelles, Bozar, le 18 octobre 2014

 

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