Les folles journées de Tai Murray

par

20th Century: The American Scene
Aaron Copland (1908-2012)
Sonate pour violon et piano
Elliott Carter (1908-2012)
4 Eloges pour violon seul
John Cage (1912-1992)
6 mélodies pour violon et piano
John Corigliano (1938-)
Sonate pour violon et piano

Tai Murray, violon - Ashley Wass, piano.
2013-DDD-79'01''-Texte de présentation en anglais, allemand, français et espagnol - Easonus 29253
Même si elle vit à Berlin, la violoniste noire américaine Tai Murray connaît bien la France; vu les titres qu'elle a donnés à deux de ses albums, c'est sans surprise qu'elle était aux folles journées de Nantes, consacrées cette année à la musique américaine. Après l'American Journey qui mettait en valeur Ives, Barber, Gershwin, Bernstein et Herrmann avec l'orchestre Poitou-Charentes (chez Mirare), elle revient ici avec le pianiste britannique Ashley Wass pour The American Scene avec Copland, Carter, Cage and Corigliano: quatre compositeurs de caractères différents, trois d'entre eux nés avant la première guerre mondiale, Copland en 1900, Carter en 1908, Cage en 1912 tandis que Corigliano ne voyait le jour qu'en 1938. La sonate pour violon et piano de Copland est une composition de 1942-1943. C'est la période du ballet Appalachian Spring, de la Troisième Symphonie ou de la Fanfare for the Common Man. Peu dissonante, la sonate en trois mouvements assimile judicieusement le caractère de la mélodie américaine. C'est une oeuvre de belle tendresse qui oscille continuellement entre humeurs pensives et exubérantes. Avec Carter et Cage, on entre dans le nouveau monde musical de la seconde partie du XXe siècle. Les quatre courts Lauds pour violon solo de Carter ont été composés entre 1984 et 2000. Sa musique, même si elle est atonale, laisse percevoir un contrepoint très vivant et aisément reconnaissable. Dans ces six mélodies pour violon et piano de 1950, Cage, quant à lui, n'inflige pas au violon le traitement qu'il réservait à son piano préparé. Pas de petits clous entre les cordes du violon pour modifier les paramètres sonores, mais bien la préparation aux deux instruments de sonorités diverses (tons isolés, intervalles et groupements) qui sont ensuite combinées pour structurer l'oeuvre mélodiquement et harmoniquement. Avec Corigliano, on découvre le mélange des tendances qu'Hélène Grimaud nous avait déjà fait entendre dans son Fantasia on an ostinato qui ouvrait son anthologie Credo en 2003 chez DG. Dans cette oeuvre pour piano solo, c'était le célèbre thème du second mouvement de la 7e symphonie qui était soumis à un ostinato rythmique et harmonique utilisant de façon très structurée les aspects séduisants du minimalisme. Dans sa sonate pour violon et piano, composée en 1962-1963, Corigliano ne renonce pas non plus à la tonalité et, comme il le dit lui-même, "c'est une oeuvre que l'on identifiera comme étant celle d'un auteur américain, bien qu'il s'agisse plus là du résultat obtenu par un américain écrivant de la musique que par un américain écrivant de la musique américaine". La violoniste américaine est en parfait accord avec son pianiste. Elle donne tout le relief nécessaire à cette musique américaine du XXe siècle pleine de contrastes. Les murmures les plus bas s'opposent aux explosions sonores. Un superbe enregistrement pour découvrir un répertoire trop peu connu et trop rarement joué.
Jean-Marie André

Son 9 – Livret 10 –  Répertoire 9 – Interprétation 10

Les commentaires sont clos.