L’EUYO porteur d’espoir à Bozar

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Dans le cadre de la journée de l’Europe du 9 mai, nous avons eu le bonheur d’entendre l’European Union Youth Orchestra à Bozar. Chaque année, plus de 2500 jeunes musiciens âgés de 16 à 26 ans venant des 27 pays membres de l’Union Européenne postulent pour faire partie de cet ensemble. Seuls 120 d’entre eux sont choisis, les futurs membres des plus grands orchestres internationaux. Reconnu dans le monde entier, l’orchestre profite de l’expérience des plus grands chefs invités. Pour cette tournée, c’est au chef français Alexandre Bloch de guider ces jeunes talents dans cette aventure musicale unique. 

Qui dit journée de l’Europe dit discours. Après une brève introduction du directeur de Bozar monsieur Christophe Slagmuylder, nous avons eu droit à un très long discours de Madame la Ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib sur les valeurs de l’Union Européenne. 

Pour commencer ce concert, nous avons pu entendre la création belge de l'œuvre Eutopia de la compositrice belge Annelies Van Parys. Inspiré des idéaux de fraternité et de paix chers à l’Union Européenne, ainsi qu’ils le furent à Ludwig Van Beethoven, l'œuvre reconstruit notamment la mélodie de Tous les hommes deviennent frères du compositeur allemand, d'abord en majeur, puis en mineur. Très atmosphérique, la composition d’Annelies Van Parys demande d’accorder un soin tout particulier au mélange des timbres. La qualité et la pureté du tapis sonore réalisé par les cordes de l’orchestre européen fut très impressionnante. La balance, parfaitement maîtrisée par Alexandre Bloch, a permis d’entendre précisément tout ce qui se passait dans l’orchestre, sans pour autant toujours discerner quel instrument était responsable de tel ou tel effet. Des effets, il y en avait tout particulièrement aux percussions dont l’utilisation très contemporaine a demandé l’utilisation d’archet et de différentes baguettes très spécifiques. Il faut saluer le travail des percussionnistes qui en ont parfaitement bien géré le niveau sonore. La pièce fut très bien accueillie par le public qui a chaudement applaudi les musiciens et la compositrice, présente pour l’occasion. 

Pour poursuivre ce concert, les musiciens de l’EUYO ont accompagné le jeune violoniste canadien Timothy Chooi, deuxième prix au Concours Reine Elisabeth 2019, dans le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur de Beethoven. L’émotion présente dans le jeu du jeune violoniste est à couper le souffle. Certaines cadences, notamment dans le deuxième mouvement, furent de purs bijoux de maîtrise et d’expressivité. Parfaitement soutenu par un orchestre appliqué et attentif aux moindres gestes du chef français, Timothy Chooi a pu donner libre cours à tout son talent. Cette pièce plus “classique” fut également l’occasion de mieux appréhender l’homogénéité de l’orchestre. Pour des musiciens qui ne se connaissaient pas encore il y a quelques mois, quel travail ! L’orchestre respire et bouge ensemble, ce qui éloigne toute erreur de placement et capte totalement le regard des auditeurs. 

Pour clôturer ce concert, les musiciens nous ont proposé l'indétrônable Boléro de Ravel. Cette pièce qu’on ne présente plus fut le prétexte parfait pour mettre en lumière les individualités de l’orchestre et notamment la jeune percussionniste espagnole Isabel Zaragoza Meseguer qui a mené l’orchestre d’un jeu de caisse claire net et sans bavure d’un bout à l’autre de la pièce. 

Les dernières notes n’ont pas eu le temps de s'éteindre que le public, conquis, s’épandait en exclamations et applaudissements fournis. Pour terminer cette soirée en beauté, nous avons eu droit à deux bis. Tout d’abord L’Arlésienne, Suite n°2 "Farandole" de Bizet puis Amparito Roca de Jaime Texidor. Cette dernière œuvre, les musiciens l’ont jouée debout, tournant les uns autour des autres, échangeant des sourires et même leurs instruments. Scène de pur joie accompagnée par les applaudissements du public et observée de loin par Alexandre Bloch, un grand sourire aux lèvres. Dès les dernières notes jouées, les musiciens sont tombés dans les bras l’un de l’autre, célébrant leur musique. Dans le contexte actuel, un tel spectacle est rafraîchissant et redonne espoir. La musique est une fête qui rassemble tous les peuples, ne l’oublions jamais. 

Bruxelles, Bozar, le 9 mai 2024.

Alex Quitin, Reporter de l’IMEP. 

Crédits photographiques : Simon Darby

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