L’expressivité épanouie du cor de Hervé Joulain  

par

Encores. Œuvres de Charles Gounod (1818-1893), Fritz Kreisler (1875-1962), Gabriel Fauré (1845-1924), Yoko Kanno (°1963), Camille Saint-Saëns (1835-1921), Carl Nielsen (1865-1931), Ennio Morriconne (1928-2020), Michel Colombier (1939-2004), Reinhold Glière (1875-1956), Michel Legrand (1932-2019), Robert Schumann (1810-1856), John Williams (°1932), Luc Baiwir (°1958), Bill Conti (°1942), Serge Rachmaninov (1873-1943), Johann Strauss fils (1825-1899), Stephen Sondheim (1939-2021), Jean-Sébastien Bach (1685-1750) et Wolf Kerschek (°1969).Hervé Joulain, cor ; Tatiana Chernichka, piano ; Stéphane Logerot, contrebasse ; Florent Jodelet et Emmanuel Curt, percussion. 2021. Notice en anglais. 60.00. TYXART TXA21161.

Le Français Hervé Joulain (°1966), originaire des Deux-Sèvres, est une référence pour son instrument. Il ne se cantonne pas au seul domaine classique, comme il le démontre ici. L’album se présente comme un vaste panorama éclectique. Il offre 21 plages de courte durée, la plupart du temps entre deux et quatre minutes, de dix-neuf compositeurs, les seuls Camille Saint-Saëns et John Williams bénéficiant d’une double présence. Le corniste précise, au début de ses brefs commentaires de l’ensemble, que la sélection s’est faite en fonction du pouvoir expressif des morceaux, avec la volonté de combiner la simplicité et la pureté de la musique originale avec ses propres arrangements. Gounod ouvre la série, avec son Ave Maria, souvenir d’enfance pour Joulain, qui écoutait un disque de thèmes classiques transcrits pour le saxophone ; c’est aussi un hommage à son père, qui jouait de cet instrument. Si l’on adopte un ordre chronologique, qui n’est pas celui du programme, Bach est là, avec l’émouvante Aria de la Suite n° 3, avant d’entamer une série de créateurs des XIXe et XXe siècles : Schumann (paisible Rêverie des Kinderszenen), Johann Strauss fils (Süße Tränen op. 283, avec son imitation de la voix humaine), Rachmaninov (poignante Vocalise op. 34), Kreisler (Liebesleid n° 2, qui rappelle les effets du violon), Nielsen (Tågen letter) ou Fauré (Après un rêve op. 7 n° 1). De Saint-Saëns, c’est l’incontournable Cygne du Carnaval des animaux, ce qui permet à Joulain de mettre en évidence le rapprochement entre le son du violoncelle et celui du cor, puis l’Adagio de la Symphonie n° 3 dans une version raccourcie. Sans oublier la Valse triste de Glière avec son caractère songeur. La magie agit à chaque fois, car le son de Hervé Joulain est profondément chaleureux et séducteur et joue à fond la carte du lyrisme romantique.

Réparties avec opportunité parmi les classiques et afin de diversifier le discours, des pages de célèbres créateurs de notre temps comme Michel Legrand (un thème du film de 1969 The Happy Ending, réalisé par Richard Brook), Ennio Morricone (le thème de la Mort dans Les Incorruptibles de Brian de Palma en 1987) ou John Williams (deux extraits de Star Wars), sont incluses. On en découvre d’autres, empruntées à des musiques de films de Michel Colombier, Bill Conti, Yoko Kanno ou Wolf Kerschek. Ou encore la typique évocation de Broadway, Not a Day goes by, de Stephen Sondheim et le chaleureux Arioso op. 16 de notre compatriote, le Liégeois Luc Baiwir, pièce primitivement prévue pour le violon.     

Tout cela forme un programme des plus agréables, avec des moments de joie ou de mélancolie, servis par l’impeccable technique et l’investissement émotionnel de Hervé Joulain, qui partage élans, caresses sonores, nostalgie ou tendresse avec le piano récurrent de la Russe (°1985), lauréate du Concours Reine Elisabeth en 2013, la chaleur ponctuelle de la contrebasse de Stéphane Logerot ou la subtile percussion de Florent Jodelet et Emmanuel Curt. Une heure de divertissement, raffinement garanti.

Son : 10    Notice : 7   Répertoire : 9    Interprétation : 10

Jean Lacroix 

 

 



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