L’Orchestre Métropolitain de Montréal en tournée
Pour le lancement de leur tournée européenne, l’Orchestre Métropolitain de Montréal et Yannick Nézet-Séguin ont posé leurs valises dans la salle Henry le Boeuf de Bozar. Depuis 2019, le chef canadien s’est engagé “à vie” auprès de l’ensemble québécois.
L’entente parfaite entre le chef et ses musiciens apparaît comme l’ingrédient principal de leur réussite. Cette entente a pu être aperçue avant même la première note, lorsqu’une musicienne, dont l’instrument récalcitrant tardait à s’accorder, a repris son accord sous l'œil amusé du chef déjà sur scène.
Nous avons pu ensuite profiter de cette relation si spéciale dans la première œuvre du soir, La Valse de Maurice Ravel. Attentif aux moindres gestes de Yannick Nézet-Séguin, les musiciens ont livré une prestation éblouissante. Lorsque Diaghilev a entendu La Valse pour la première fois, il aurait dit “Ravel, c’est un chef-d’œuvre, mais ce n’est pas un ballet. C’est la peinture d’un ballet !”. Cette phrase convient parfaitement à l’interprétation de l’orchestre canadien. Par leur musique, ils sont parvenus à nous emporter au beau milieu d’une salle remplie de danseurs, nous faisant naviguer entre les atmosphères très contrastées et évocatrices de l'œuvre du compositeur français. La seule ombre au tableau fut la balance entre l’orchestre et les percussionnistes. Autant la caisse claire couvrit l'entièreté de l'orchestre à chaque apparition forte, autant la grosse caisse et les timbales furent difficilement perceptibles dans les moments les plus doux. Pour les timbales, cela se retrouva parfois également dans la suite du programme.
La soirée s’est poursuivie avec l'œuvre Eko-Bmijwang (Aussi longtemps que la rivière coule) de la compositrice anishinaabekwe Barbara Assiginaak. Composée en 2025, cette pièce dépeint un voyage au fil de l’eau, durant lequel nous nous rappelons que nous ne sommes pas là pour dominer ou contrôler l’esprit de Nibi (eau). L’Orchestre Métropolitain de Montréal a fait honneur à cette œuvre magnifique. L’utilisation très intelligente de nombreuses percussions et d’effets tant aux vents qu’aux cordes créa une atmosphère très particulière, nous emportant au plus profond des forêts d’Amérique du Nord. Les paysages musicaux créés par les musiciens furent tout simplement magiques et la fin de l'œuvre, dans un decrescendo a niente, fit retenir son souffle à chaque personne présente dans la salle. Un grand moment.
Pour terminer cette première partie, nous avons eu la chance d’entendre le pianiste français Alexandre Kantorow dans le Concerto n°2 de Saint-Saëns. La précision de son jeu, alliée avec un toucher très doux et subtil, nous a livré une prestation éblouissante. Bien que la balance avec l’orchestre n’aie pas toujours été parfaite, la sensation d’aisance dégagée par Kantorow et son génie musical firent lever la salle comme un seul homme.
Après un bis et une pause bien méritée pour les musiciens de l’orchestre, ceux-ci nous ont interprété la Symphonie No.2 de Sibelius. Encore une fois, la capacité de Yannick Nézet-Séguin et son orchestre à dépeindre des paysages et à faire voyager les auditeurs fut éblouissante. La puissance dégagée par les musiciens, les contrastes et la tension palpable présente dans leur jeu mena cette soirée vers une fin en apothéose, que le bis Ouverture de Candide de Leonard Bernstein n’a fait que sublimer.
Alex Quitin, Reporter de l’IMEP
Bozar, le 23 juin 2025
Crédits photographiques : Arthur Elgort