Mahler de carte de visite avec Simon Rattle 

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Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°6 en la mineur « Tragique ».Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, direction : Sir Simon Rattle. 2023. Livret en allemand et anglais. 82’02’’. BR Klassik.

Si les symphonies de Mahler sont des piliers du répertoire de Sir Simon Rattle, la Symphonie n°6 a un caractère particulier tant elle accompagne les développements artistiques et la carrière du chef. En effet, c’est avec cette symphonie que le maestro avait choisi pour son premier concert avec le Philharmonique de Berlin (en 1987) et pour son dernier concert avec la phalange dont il fut le directeur artistique de 2002 à 2018 (un coffret témoigne de ces deux interprétations). Désormais directeur musical depuis cette saison 2023/2024 de l’Orchestre symphonique de la Radio Bavaroise, il a déjà programmé cette œuvre tant pour des concerts à Munich que pour des tournées. BR Klassik, le label de la Radio bavaroise nous en propose ici une captation réalisée à Munich sur la scène de l'Isarphilarmonie à l'automne 2023.

Ce qui frappe dès les premières écoutes de cette interprétation, c’est la plastique fabuleuse et la qualité technique vertigineuse des Bavarois. Certes, l’histoire de l'interprétation mahlerienne est jalonnée de grandes performances d’orchestres et nous sommes habitués, par des concerts ou des disques, à l’excellence de cet orchestre. Mais, au fil des écoutes, on ne peut qu'admirer cette précision des pupitres, cette qualité des tutti, toujours parfaitement lisibles et jamais brutaux ou l’écoute mutuelle entre les musiciens. C’est à chaque fois, une leçon d’orchestre et une référence en matière de qualité orchestrale. 

Simon Rattle campe un Mahler moderne dont la masse orchestrale regarde vers le futur, on y entend déjà les déflagrations de Schoenberg et Berg avec une impressionnante lisibilité des pupitres comme une radiographie de la radicalité d’une écriture musicale tellement magistrale. Les tempi sont parfaits, ni trop rapides, ni trop lent, mais permettant au chef de travailler l’instrumentation jouant les contrastes et les lignes mélodiques comme un architecte, maître de son art. On a parfois reproché à Rattle de sur-diriger, privilégiant la focalisation sur le détail au détriment de l’ensemble, rien de tel ici avec une lecture qui s’impose par l’évidence. Pas de temps morts ou de points faibles dans cette captation de concert qui se hisse aux sommets de la discographie contemporaine. Si l’ensemble de la symphonie est mené de main de maître, on peut écouter sans relâche l’Andante moderato où le chef laisse dialoguer les musiciens dans une fabuleuse fusion des timbres et des nuances. 

La discographie est bardée de références mais Simon Rattle s’affirme comme le grand interprète actuel de cette “tragique”.

Son : 10 – Livret : 9 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

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