Mendelssohn au sommet par Pablo Heras-Casado

par

JOKERFelix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Symphonie n°3, « Ecossaise », Op. 56 – Symphonie n°4, « Italienne », Op. 90
Freiburger Barockorchester, dir.: Pablo Heras-Casado
2016-DDD-67’36-Textes de présentation en français, anglais et allemand-Harmonia Mundi-HMC902228

Le jeune chef espagnol Pablo Heras-Casado nous revient en force avec un enregistrement magistral consacré aux Symphonies « Ecossaises » et « Italiennes » de Mendelssohn. C’est après une visite des ruines du palais d’Holyrood à Edimbourg en juillet 1829 – pour rappel, Mendelssohn entreprend à 20 ans un long voyage à travers l’Europe qui le mènera à Londres, Munich, Vienne, Florence, Venise… - que le compositeur couche sur papier les prémices de ce que sera sa dernière grande symphonie. Achevée le 20 janvier 1842 et créée le 3 mars de la même année par le compositeur à la tête du Gewandhaus de Leipzig, la symphonie reçoit un accueil chaleureux de la part du public, et de la critique qui voit en elle une grande page d’audace et de charme. C’est aussi la première fois que le compositeur renonce à un découpage strict, annonçant l’œuvre plutôt comme un « tableau sonore » : « C’est désormais l’un de mes chevaux de bataille, auquel je suis très attaché : supprimer les courtes pauses entre les différents morceaux de musique ». La Symphonie « italienne » connaît aussi une genèse complexe qui nous renvoie dès l’automne 1830 à Venise lorsque Mendelssohn évoque dans ses lettres la progression de son écriture. Il faudra pourtant attendre le 13 mars 1833 pour la découvrir à Hanover Square Rooms, toujours sous la direction de l’auteur. Captivé dans les Highlands par les atmosphères mystérieuses des mythes et légendes, c’est le caractère plus joyeux, pétillant et ensoleillé d’Italie qui anime Mendelssohn dans son écriture.
Magnifier le langage de ces symphonies n’est pas chose aisée. D’abord par l’opulence des détails, contrastes, idées et dynamiques, mais surtout par une interprétation qui pourrait vite tomber dans la facilité d’un romantisme exubérant. A la tête d’une très belle phalange – écoutez la clarté et la brillance des vents accompagnés d’un tapis de cordes enjoué et soigné -, Pablo Heras-Casado démontre qu’il a toutes les clés en main pour réussir. Il adopte sans difficulté des nuances idéales, du plus petit pianissimo aux grands tutti massifs. Ajoutez à cela un sens de l’orientation et des phrases acquis, vous obtenez du très beau Mendelssohn. Il faut dire que le chef bénéficie ici d’un orchestre irréprochable dont la technique instrumentale, sur instruments d’époque, efface toutes les difficultés. Belle distinction entre passages nerveux et passages discrets avec une conception des atmosphères aboutie. Heras-Casado donne ici une vision moderne de deux chefs-d’œuvres du répertoire aux allures tantôt lyriques, tantôt pétillantes. Une lecture en soi d’un chef épanoui, alerte au moindre détail et qui unifie le matériau de manière magistrale. Saluons enfin l’excellent livret de présentation de Roman Hinke.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret – Répertoire 9 – Interprétation 10

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