Miraculeuse beauté du Lied allemand

par

0126_JOKERRichard STRAUSS (1864-1949)
NOTTURNO
Thomas HAMPSON (baryton), Wolfram RIEGER (piano), Daniel HOPE (violon)
2014-70'20-Textes de présentation en français, anglais, allemand-textes en allemand et anglais-chanté en allemand- DG 4792943 GH

« Notturno » a-t-on baptisé cet enregistrement. Sans doute parce que ces 18 mélodies de Richard Strauss s'enveloppent de mystère -celui qui , chez les Germains, naît de la nuit et de ses fantasmes. Un héritage qui nous vient de la première moitié du XIXème siècle quand Schubert, Schumann se faisaient avec Heine, Novalis, Theodor Storm les chantres d'un romantisme un peu bourgeois, certes, mais toujours « efficace » dans sa nature et ses explorations de l'âme. Veine poétique finalement féconde qui se prolonge et perpétue chez Richard Strauss lequel, par sa naissance (1864) participe encore à cet univers nocturne, à cette Weltanschauung, qui ne pouvait vraiment que s'acclimater et prospérer en terre germanique. Il s'inspire ainsi notamment de Bierbaum, Heine, Dehmel ou Rückert Et c'est tout ce qui fait l'objet et plus encore la réussite de ce merveilleux « Notturno », titre d'un des Lieder sur un poème de Richard Dehmel. Un artiste d'immense talent fait revivre aujourd'hui cet univers dans toute sa vérité, dans toute sa splendeur. C'est qu'accompagné au piano par un pianiste, Wolfram Rieger, lui aussi totalement impliqué , ce duo nous prend, nous saisit à la gorge, au plus profond d'une vérité poético-musicale, par un discours sans aucune afféterie. Thomas Hampson est un admirable « diseur », sa prononciation -élégante, superbe- permet de saisir toutes les facettes du « verbe », toutes les couleurs du texte poétique. Tel Lied (n°12) semble sortir du silence, lentement. Tel autre, comme le long « Notturno » (13'35) qu'ouvre discrètement le violon éloquent de Daniel Hope, multiplie les images d'un univers secret. Tel autre encore (18) dit et redit 7 fois son émotion devant la miraculeuse beauté du soleil (« Im Sonnenshein ») cependant que « Befreit » ne peut que dire « O Gluck » ! Ces textes, souvent chantés par des voix féminines, semblent couler de source dans la somptueuse texture de la voix masculine d'autant plus aisément que le narrateur des textes est « un » poète amoureux, dans tous les sens du terme.
Bénédicte Palaux Simonnet

Son 10 - Livret 6 - Répertoire 10 - Interptétation 10

 

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