Mozart au pianoforte par Ronald Brautigam

par

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour piano n°18 en si bémol majeur (k456) – Concerto pour piano n°22 en mi bémol majeur (k482)
Die Kölner Akademie, Michael Alexander Willens, direction – Ronald Brautigam, pianoforte. 2014-SACD-60’03-Texte de présentation en allemand, anglais et français-Bis 2044

Avec ce sixième enregistrement, le label BIS poursuit son travail sur les Concerti de Mozart. Deux concerti, deux périodes totalement différentes : le Concerto n°18 est écrit en 1784 alors que Mozart voyagea à Salzburg en 1783. Il fit la rencontre d’une pianiste virtuose aveugle, Maria Theresia von Paradis à qui il dédiera l’œuvre. Concerto surprenant par le rapport hiérarchique inhabituel entre vents et cordes, Léopold Mozart en fut séduit au point que des larmes lui vinrent à la première écoute. L’interprétation de Die Kölner Akademie et de Ronald Brautigam est relativement proche du texte. On se laisse séduire par les couleurs des vents et des contours mélodiques qui leur sont conférés. En revanche, quelques imprécisions aux vents s’introduisent dans la belle pâte sonore. Le pianoforte de Brautigam est précis et vif. Toute l’étendue du clavier est exploitée ici par l’émergence de gammes, arpèges et autres motifs virtuoses ou mélodiques. Brautigam se libère de toute contrainte métrique en proposant un jeu libre et souple. Contrastes saisissants poussant l’orchestre dans ses retranchements. Second mouvement expressif par l’appui d’harmonies douloureuses. Avec un véritable travail effectué sur la qualité du son, la technique des coups d’archets et le vibrato très court accentuent le côté introspectif avant l’entrée des notes répétées du piano. Le timbre de la mélodie est ici exceptionnel et en parfaite harmonie avec l’orchestre qui lui répond par des incises courtes. Jeu intime qui respecte les valeurs rythmiques, le mouvement lent engage un troisième mouvement animé et joyeux. Le piano trouve facilement sa place entre tutti magistraux et parties concertantes. Le Concerto n°22 s’inscrit dans une phase heureuse du compositeur. Créé à Vienne en 1785, c’est davantage le travail sur les sonorités et la forme qui prime ici. Pas très éloignée des Noces de Figaro, l’œuvre offre deux mouvements charmants (un et trois) entourant un second mouvement plus tragique. Le tempo du premier mouvement est relativement allant et n’aide pas le pianiste qui a tendance à ralentir (sauf pendant la cadence). Le jeu orchestral est toujours aussi brillant tandis que les cuivres sont plus justes. Mêmes caractéristiques que le Concerto n°18 pour le second mouvement. Travail expressif sur les dynamiques tandis que le parcours tonal est brillamment réalisé. Troisième mouvement gai, avec son thème si populaire, aux intervalles expressifs. Tempo juste et jeu pianistique brillant. Le passage lent central offre un beau contraste avec ce qui l’entoure mais manque de legato.
Enregistrement honorable pour Die Kölner Akademie dirigée par la battue souple et contrastante de Michael Alexander Willens. Dans un monde qui se tourne de plus en plus vers les techniques du passé, cet enregistrement apporte une avancée majeure et un témoignage émouvant.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Répertoire 9 – Livret 10 – Interprétation 9

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