Paul Kletzki à Lucerne

par

Johannes BRAHMS
(1833 - 1897)
Symphonie n°4, Op.98 
Franz SCHUBERT
(1797 - 1828)
Symphonie n°8 « inachevée », D.759
Ludwig van BEETHOVEN
(1770 - 1827) Ouverture de Leonore n°3, Op.72b
Swiss Festival Orchestra, Paul Kletzki -Mono-1946-76'39''-Notice de présentation en français, allemand et anglais- Audite. 95.642

Dans la série de ses archives du Festival de Lucerne, le label berlinois Audite rend hommage au bien oublié chef Paul Kletzki. Né polonais et naturalisé suisse, ce musicien est ici documenté à la tête de l’Orchestre du festival de Lucerne lors d’un concert donné en septembre 1946. Dans un monde musical européen en recomposition après la fin de la Deuxième guerre mondiale, le chef d’orchestre se retrouve au pupitre de l’orchestre helvétique pour enregistrer la symphonie n°4 de Brahms pour EMI et pour un concert de bienfaisance lucernois au profit d’associations caritatives. Initialement les sessions étaient prévues avec Wilhelm Furtwängler mais encore sous le coup d’une interdiction de diriger, le chef allemand fut « remplacé » par Paul Kletzki, embauché sur les conseils d’Ernest Ansermet. Si l’enregistrement officiel de la symphonie de Brahms circule sous diverses étiquettes, le présent album est la captation du concert complété par des œuvres de Schubert et Beethoven : il est totalement inédit au disque.
Dans Brahms, le style de Kletzki vise droit au but : une lecture purement orchestrale guidée à la pointe sèche, pas si éloignée de la vision d’un Toscanini dans sa recherche de sa force instrumentale pure. L’Orchestre du festival suisse sonne nerveusement et ultra-précis. Le Schubert poursuit cette optique assez unilatérale, loin des gouffres suggérés par un Furtwängler. Mais la puissance dramatique tend le discours à l’extrême débouchant sur une vision charpentée mais aussi urgente et sombre. La puissance de la masse orchestrale explose dans l’ouverture Leonore III conclusive à l’impact ultra-virtuose presque tétanisant. L’orchestre montre parfois certaines fragilités (vents !), mais la tension imposée par le chef galvanise les musiciens. En conclusion, on tient un concert d’un grand intérêt au service de la mémoire d’un chef trop oublié. Le travail de remasterisation des bandes d’origine est exceptionnel en dépit des limites techniques inhérentes à l’âge de la captation.
Pierre-Jean Tribot

Son 8 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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