Pour la plus grande gloire de Versailles

par

Henry MADIN
(1698-1748)
Te Deum - Diligam te, Domine
Anne Magouët & Michiko Takahashi (sopranos), Robert Getchell & Alban Dufourt (ténors), Alain Buet & Geoffroy Buffière (basses), Stradivaria, Ensemble baroque de Nantes, Les Cris de Paris, dir.: Daniel CUILLER
2016-live-69' 09''-textes de présentation en français, anglais et allemand-chanté en latin - Alpha 963

Parmi les contemporains de Rameau, Henry Madin est l'un des plus méconnus. Ayant grandi à Verdun, Laurent Brunner, directeur de "Château de Versailles Spectacles" explique, dans sa notice d'introduction, avoir découvert l'oeuvre de Madin, alors maître de chapelle à Verdun : il est donc légitimement fier de présenter cette fois deux pages importantes de ce compositeur, enregistrées live à la Chapelle Royale de Versailles. Car Madin, après des détours par Bourges, Tours et Rouen, finit sa carrière à Versailles, comme sous-maître de la Chapelle de Louis XV. A en juger par les deux pages de musique sacrée ici présentées, son style est plus conservateur que celui de Rameau, dont l'In Convertendo, bien antérieur, est d'une écriture plus novatrice. On s'en rendra compte dès la fanfare initiale du Te Deum, qui n'a rien à envier à celle de Charpentier. L'oeuvre date de 1744 et commémorait des victoires françaises durant la guerre de succession d'Autriche. Elle alterne morceaux fastes et plages plus recueillies. L'inspiration est constante, souple et inventive. La maîtrise de l'écriture chorale caractérise déjà la brtillante introduction. Elle éclate ensuite dans le Tu Rex gloriae, et surtout dans le puissant In te Domine, speravi, parfaite union d'envolée mélodique et de pompe royale. Le motet Diligam te, Domine (1737) rejoint la tradition du motet à grand choeur des Lully, Dumont et Delalande. Le texte se prête à une lecture dramatique : déclaration d'amour au Seigneur, appel à l'aide contre les ennemis, colère divine, remerciement final. Trois récits alternent avec trois choeurs. La musique, fidèle, suit la trame, jusqu'à évoquer un tremblement de terre (Commota est, et contremuit terra) ! L'interprétation est remarquable, de restitution autant que de fidélité à l'esprit. Il faut louer l'ensemble choral des "Cris de Paris" (dirigé par Geoffroy Jourdain) pour sa ferveur et la précision de chaque intervention. Les chanteurs s'acquittent bien de leur tâche. Un seul bémol : chaque tessiture comprend deux interprètes, mais la pochette ne mentionne pas qui chante quoi. Comment savoir, par exemple, qui chante si bien le Tu ad liberandum du Te Deum, Robert Getchell ou Alban Dufourt ? Un grand bravo à Daniel Cuiller d'avoir enfin sorti Henry Madin des tranchées de l'oubli.
Bruno Peeters

Son 8 - Livret 10 - Répertoire 9 - Interprétation 10

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