Pour une fête rousselienne

par
Roussel, Top,

Albert ROUSSEL
par Damien Top
Troisième biographie de Damien Top chez Bleu Nuit éditeur, après celle de Rachmaninov puis celle d'Emile Goué. Et sa deuxième biographie d'Albert Roussel, après celle qu'il lui avait consacrée en 2000 aux Editions Séguier.

Top, également chanteur, chef d'orchestre, et musicologue, est passionné du patrimoine français, et défend les oeuvres de Goué, Canteloube, Delvincourt ou de Castéra; il a fondé en 1997 le Festival International Albert-Roussel, dans la région des Hauts-de-France. Sans doute, le meilleur spécialiste actuel du compositeur tourquennois, il a souhaité développer sa première monographie par l'adjonction d'une riche iconographie, de multiples citations de correspondances, d'une analyse des oeuvres plus approfondie, avec de nombreux exemples musicaux. Le suivi reste globalement chronologique. Ecartelé entre son amour pour la mer et son attirance vers la musique, Roussel finira par choisir celle-ci, comme Antoine Mariotte ou Rimsky-Korsakov (mais pas comme Jean Cras). Top suit bien les premiers pas du musicien, éduqué dans le plus pur sérail (Gigout, d'Indy) et livrant ses premiers chefs-d'oeuvre : le ballet Le Festin de l'araignée (1913) ou la Suite pour piano op. 14. Viendra le long voyage en Asie, qui inspirera les visions symphoniques des Evocations, ainsi que l'opéra-ballet Padmâvatî (1923). Après la guerre, s'écartant petit à petit du carcan franckiste, peu séduit par la seconde école de Vienne, mais attentif au jeune "Groupe des Six", il parvient à sa pleine maturité artistique. Propriétaire d'un splendide manoir à Sainte-Marguerite-sur-Mer, heureux en ménage, il peut se consacrer entièrement à son art. Ce sera le temps de "l'humanisme antique", selon le joli terme de Top, à l'origine du ballet Bacchus et Ariane (1930), ou de la Deuxième sonate pour violon et piano.  La vie de Roussel se confond avec son oeuvre : composition du ballet Aeneas, des troisième et quatrième symphonies, du Psaume 80, ou du Trio à cordes. Ce fut le temps aussi du triomphal voyage aux Etats-Unis, puis de l'engagement social auprès du Front populaire. Roussel s'éteindra en 1937, et les pages décrivant ses derniers jours sont fort émouvantes. Outre la biographie précise, et l'analyse ponctuelle des principales partitions, Damien Top évoque souvent deux aspects trop peu soulignés de la personnalité du compositeur : son caractère flamand, et son profond sentiment de la religion naturelle. Le style de l'ouvrage est clair et accessible, mais l'auteur n'a pas résisté de temps en temps à son péché mignon, l'emploi de mots rares : palingénésie, misonéisme, dynamogénie, dysphorie, avant-ouïrs... Les compléments sont plus nombreux que dans la version Séguier : Top reprend le catalogue de l'oeuvre, mais y ajoute une bibliographie et une discographie sélectives, un tableau synoptique et un index des noms. Voilà certainement le livre de base actuel sur Albert Roussel, ce "professeur d'énergie", comme l'avait appelé Georges Auric.
Bruno Peeters
Damien Top, Albert Roussel, Bleu Nuit Editeur 2016, coll. "Horizons" n° 53, 176 p., 20 euros

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